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Sous-traitance : Les licenciements massifs annoncés dans les usines en Haïti, un chantage, estime la Ctsp

P-au-P, 05 avr. 2019 [AlterPresse] --- La Confédération des travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé (Ctsp) qualifie de chantage les licenciements massifs annoncés, par des compagnies, dans les usines en Haïti.

Le salaire minimum journalier est beaucoup plus élevé ailleurs qu’en Haïti, souligne Le secrétaire général de la Ctsp, Me. Jean Bonald Fatal, lors d’une conférence de presse, ce vendredi 5 avril 2019, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

De plus, les entreprises, dans les autres pays, accordent aux travailleuses et travailleurs de véritables accompagnements sociaux, avance la Ctsp.

Une proposition de loi, votée, le mardi 26 mars 2019, par la chambre des députés, souhaite porter le salaire minimum, dans la branche de la sous-traitance, à 750.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 83.00 gourdes ; 1 euro = 100.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.80 gourde aujourd’hui), pour une journée de travail de 8 heures, au lieu de 420.00 gourdes, le montant officiel en cours depuis le 1er octobre 2018 en Haïti.

60 mille emplois seraient en jeu, voire menacés de ne plus être disponibles, en cas d’adoption de cette loi par le sénat de la République, alerte l’Association des industries d’Haïti (Adih) qui a rejeté le vote du 26 mars 2019 à la chambre des députés.

Le vote de la chambre basse risquerait d’entraîner des licenciements massifs en Haïti, si elle suit son cours dans la législature, avertit l’Adih.

La compagnie de textile sud-coréenne S&H Global S.A a même envisagé de quitter le territoire d’Haïti pour s’établir en République Dominicaine.

13 mille emplois directs dans la zone, pour un investissement de 78 millions de dollars américains, seraient alors perdus, a-t-elle prévenu.

« Au Guatemala, les compagnies créent des garderies pour les enfants des femmes ouvrières. Elle garantissent aux employeurs les frais de transport, l’écolage et la nourriture, alors qu’en Haïti, elles ne construisent même pas une latrine », réagit Me. Jean Bonald Fatal, qui dénonce l’ingérence du secteur patronal en Haïti dans les décisions étatiques.

Dans ce contexte, des organisations syndicales, dont la Centrale nationale des ouvrières et ouvriers haïtiens (Cnoha) et le Syndicat pour la rénovation des ouvriers haïtiens (Srodh), l’Association des agents de sécurité professionnels (Aasp) exigent un montant de 1,500.00 gourdes comme salaire minimum journalier pour les travailleuses et travailleurs.

Les prix des produits essentiels à la consommation continuent d’augmenter inexorablement. L’inflation est officiellement estimée à 17%, en avril 2018, en Haïti. Mais, dans la réalité, les prix de beaucoup de biens dépassent cette estimation officielle.

Ces organisations syndicales projettent d’organiser des manifestations, afin de pousser le sénat à voter la proposition de loi, adoptée par la chambre des députés le mardi 26 mars 2019. [mj emb rc apr 05/04/2019 17:00]