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Haïti-Politique : Mettre toutes voiles dehors pour se débarrasser de Céant

Par Gotson Pierre

P-au-P., 19 mars 2019 [AlterPresse] --- 93 députés ont approuvé le 18 mars une motion de censure du chef du gouvernement et de son cabinet ministériel. Six députés ont voté contre et trois se sont abstenus.

La séance d’interpellation s’est déroulée en l’absence du premier ministre, qui se trouvait au même moment au sénat, où il a été préalablement interpellé, observe AlterPresse.

Lors de cette séance, déroulée à vive allure, l’assemblée n’a pas tenu compte d’une lettre de motivation d’absence de Jean-Henry Céant arguant qu’il se trouvait au sénat pour répondre à une autre interpellation prévue plus tôt.

La minorité à la chambre basse a dénoncé, dans une lettre au bureau, des vices de forme qui auraient été enregistrés dans la manière dont l’interpellation a été décidée.

Que reprochent les députés à Jean-Henry Céant ?

Les députés interpellateurs ont fait état de l’échec du gouvernement de Jean-Henry Céant qui, selon eux, est passé à coté des objectifs énoncés dans sa déclaration de politique générale, présentée au parlement en septembre dernier.

Ils estiment qu’en six mois la situation s’est considérablement dégradée du point de vue socio économique, avec notamment l’effondrement du pouvoir d’achat et l’accroissement des tensions sociales.

Ils n’ont pas mentionné les efforts accomplis par le chef de gouvernement pour faire avancer le dossier Petrocaribe de dilapidation présumée des fonds d’aide vénézuélienne à Haïti. Un rapport d’État a été produit par la Cour supérieure des comptes et une plainte officielle déposée devant la justice par l’État.

Un nouveau premier ministre en vitesse

Le résultat du vote a été acheminé dès le même jour au chef de l’État Jovenel Moïse en vue du choix d’un nouveau premier ministre.

Dans sa correspondance responsive, le président a assuré que des consultations allaient être entreprises à cette fin.

Entretemps, le sénat n’a pas renoncé à placer son mot dans le débat et remet à mercredi sa séance d’interpellation.

Plusieurs sénateurs d’opposition considèrent encore Céant comme premier ministre.

Confusion et perplexité

La confusion et la perplexité s’installent, alors que des échéances importantes se rapprochent, comme le rendez-vous des législatives partielles d’octobre prochain. Le risque d’aggravation de la crise inquiète plus d’un et on craint des répercussions catastrophiques sur une économie très affaiblie.

Une sortie de Céant, pourrait-elle faciliter le dialogue avec certaines franges de l’opposition ? La méfiance est là et constitue un obstacle de taille. Déjà une date pour la prochaine mobilisation anti-gouvernementale : 29 mars, anniversaire de la constitution de 1987. [gp apr 19/03/2019 05 :00]