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Affaire Jacky Cantave : le journaliste Gerin Alexandre, réfugié aux USA, fait le point

P-au-P., 16 oct. 02 [AlterPresse] --- Le journaliste haïtien Gerin Alexandre, qui s’est récemment réfugié aux Etats-Unis, a fustige le comportement du Secrétaire d’Etat à la communication, Mario Dupuy, dans le dossier du journaliste de Radio Caraibes, Israel Jacky Cantave, victime d’enlèvement.

"Les menaces et intimidations ont eu raison de moi", a déclaré Gerin Alexandre, qui intervenait dans la soirée du 14 octobre à l’émission "La Presse Parle", sur Island Magazine TV. "Suivant conseil de certaines personnes et en regard aux récentes déclarations de M. Dupuy sur le dossier, j’ai été contraint de prendre la décision de laisser le pays", a ajoute Gerin Alexandre.

Le quotidien d’Etat que dirige Mario Dupuy avait publié dans sa livraison du 20 septembre un article intitulé "l’affaire Jacky Cantave ou les dessous d’une imposture", avalisant la thèse de "montage" à propos de l’enlèvement du confrère. Cet article avait laissé croire que l’affaire aurait été orchestrée par "un journaliste proche de Radio Caraibes, connu comme un activiste politique".

Lors d’une visite à Radio Kiskeya le 27 septembre, suite à la suspension des émissions de cette station pour cause d’intimidation, le Secrétaire d’Etat à la Communication avait fait état de menaces proférées contre sa personne au téléphone par Gerin Alexandre. Ce dernier a précipitamment laisse le pays le lendemain.

A l’émission de Island Magazine TV, animée par le journaliste Patrick Elyancy, Gerin Alexandre a précisé qu’il a été conduit à l’aéroport par des membres d’organisations de défense des droits humains dont la Coalition Nationale pour la Défense des Droits des Haïtiens (NCHR).

Selon M. Alexandre, le fonctionnement de la presse en Haïti devient extrêmement difficile en raison d’une part de l’immobilisme du gouvernement à satisfaire les revendications de la population, les multiples scandales qui éclaboussent le régime et d’autre part, l’impunité dont jouissent les proches du pouvoir qui seraient impliqués dans des crimes et autres forfaits.

A propos de l’affaire Jacky Cantave la police a bouclé son enquête et transmis le dossier au Parquet du tribunal civil de Port-au-Prince. Le Directeur de la police judiciaire, Jeannot Francois, a affirmé à la presse en début de semaine qu’il n’y avait jamais eu d’enlèvement, mais il a laissé le soin à la justice de qualifier les faits.

Dans une déclaration publique le 15 octobre, le Président Jean Bertrand Aristide a devancé le parquet en corroborant la thèse de "montage" et en invitant Jacky Cantave à se rendre disponible pour la justice. Aucun journaliste, a dit le Chef de l’Etat, ne devrait inventer des prétextes pour bénéficier d’un visa.

La Direction de Radio Caraibes, qui a été contactée par AlterPresse, déclare vouloir éviter toute polémique avec les autorités sur le dossier. Mais elle indique que bien avant l’enlèvement de Jacky Cantave, le confrère était retenu parmi des journalistes qui devaient bénéficier d’une bourse du service culturel de l’ambassade américaine.

A propos des dernières déclarations du Président Aristide, le Secrétaire Général de l’Association des Journalistes Haitiens (AJH), Guiler Delva, a affirmé ne pas comprendre la persistance des autorités à assimiler l’enlèvement de Jacky Cantave a un "montage", sans en administrer la preuve. [pe/gp/vs apr 16/10/02 14:00]