P-au-P., 18 févr. 2019 [AlterPresse] --- Une grande préoccupation est perçue en Haïti, suite à l’arrestation, dans la soirée du dimanche 17 février 2019, de 8 individus lourdement armés par la police, dont 7 étrangers identifiés comme Américains, Russes et Serbes, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
L’autre personne arrêtée s’exprime parfaitement en Créole, mais son identité n’a pas encore été clairement établie.
Emmenés au sous-commissariat de Port-au-Prince, leurs armes et plusieurs autres objets ainsi que leurs véhicules ont été confisqués par la police. Ils ont ensuite été transférés dans la soirée à la Direction centrale de la police judiciaire, où ils sont interrogés.
Les individus ont été appréhendés à la rue des Miracles, au centre-ville, en milieu d’après-midi à bord de deux véhicules, selon des informations dont dispose le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Les armes, saisies par la police, sont des « armes automatiques non-traçables », dont 20% des composantes sont trafiquées. Des drones, fusils munis de télescopes et des téléphones satellites ont été confisqués.
Avant leur transfert dans la soirée, des autorités auraient entrepris des démarches, auprès de la police, pour tenter de les faire libérer, rapporte la même source.
Ces personnalités auraient fait savoir qu’il s’agit d’un « dossier politique » et que les personnes arrêtées travailleraient pour le gouvernement.
Une de ces autorités aurait prétendu que le groupe devrait assurer une évaluation de la sécurité de la Banque de la république d’Haïti (Brh) ou Banque centrale. La police n’aurait pas obtenu confirmation auprès des responsables de la Banque centrale.
Le Rnddh exprime sa préoccupation et félicite la police pour cette opération.
Il estime « grave » que les autorités se serviraient de « mercenaires pour terroriser la population ».
Pierre Espérance, coordonnateur du Rnddh, dit espérer que la police et la justice ne cèderont pas aux éventuelles pressions et que les personnes arrêtées seront traduites en justice.
Le Rnddh souligne une détérioration accélérée du climat d’insécurité, surtout depuis le début des mobilisations anti-gouvernementales, au cours desquelles plusieurs personnes ont été tuées de balles à la tête.
Durant les dernières semaines, l’opposition n’a pas cessé de dénoncer la présence, sur le territoire haïtien, de « snipers », qui seraient en service commandé.
« Les autorités ne respectent nullement le droit à la vie », s’exclame Pierre Espérance.
La nouvelle de cette opération policière a vite enflammé les réseaux sociaux, à travers lesquels de nombreux internautes n’ont pas caché leur inquiétude, tandis que des dirigeants de l’opposition exigent que la lumière soit faite sur le dossier.
Cette affaire risque d’envenimer la crise, qui secoue le pays et qui a pris une dimension importante durant les 10 derniers jours, au cours desquels le pays est resté largement paralysé, les protestataires exigeant la démission du président Jovenel Moïse.
Un communiqué gouvernemental a invité la population à vaquer normalement à ses occupations ce lundi 18 février 2019.
Un calme apparent règne en Haïti, où les activités reprennent à un niveau inégal d’une région à une autre, mais les parents n’ont pas pris le risque d’envoyer leurs enfants à l’école. [apr 18/02/2019 10:00]