P-au-P., 14 févr. 2019 [AlterPresse] --- Le calme tarde à revenir en Haïti, secouée depuis huit jours (depuis le jeudi 7 février 2019) par des protestations visant la démission du président Jovenel Moïse, dont le bilan de deux ans au pouvoir est sévèrement critiqué, constate AlterPresse.
Une nouvelle journée de manifestations et de blocages routiers a eu lieu, ce jeudi 14 février 2019, à Port-au-Prince et dans plusieurs départements géographiques du pays.
Les mouvements ont principalement eu lieu dans la périphérie nord de la capitale, avec une manifestation à Delmas, à l’intersection du boulevard Toussaint Louverture menant vers l’aéroport international de Port-au-Prince. Des barricades ont été érigées sur l’axe Delmas 33 prolongé.
La route de Tabarre a été barricadée en plusieurs points de même que celle de Croix-des-Bouquets, complètement bloquée, et la Wout nèf.
Des objets divers ont été placés sur les routes de Grand-Goave, Petit-Goave, Léogane et Gressier, dans le département de l’Ouest, afin d’empêcher la circulation automobile.
Des manifestations, barrages et pneus usagés enflammés ont été signalés dans plusieurs villes de l’Artibonite (Nord), comme Saint Michel de L’Attalaye et Saint Marc, à Ouanaminthe et à Caracol (Département du Nord-Est)
La tension persistait également dans le Sud-Est, notamment à Jacmel, Marigot et à Cayes-Jacmel, où les routes ont été barricadées.
La folle journée du 13 février 2019
- Le sénateur Youri Latortue et le dirigeant politique Volcy Assad
- Le sénateur Antonio Chéramy (coiffure rasta) au milieu de la foule
- Le dirigeant politique Michel André (au centre)
Une situation de tension a régné, le mercredi 13 février 2019, dans la capitale, Port-au-Prince, notamment aux abords du palais national, lors des mobilisations visant le départ du président Jovenel Moïse, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Des milliers de manifestantes et manifestants ont défilé à Port-au-Prince, en direction des ruines du palais national (lieu symbolique du pouvoir, dont le bâtiment a été détruit dans le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010), situé au Champ de Mars, principale place publique de la capitale.
Des membres de gangs armés ont également marché dans les rues de la capitale sans être inquiétés par la police, une présence qui a traumatisé plusieurs riverains.
Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont tenté d’empêcher la foule d’atteindre le périmètre des ruines du palais national, en y lançant des gaz lacrymogènes.
Arrivés sur les lieux, les protestataires réclamaient les clefs du palais national, tout en dénonçant également la misère et la corruption.
Les protestataires ont également exprimé leur ras-le-bol de la mauvaise gestion du pays, par l’équipe actuelle de la deuxième version du régime tèt kale (première version avec Joseph Michel Martelly 14 mai 2011 - 7 février 2016, deuxième version avec Jovenel Moïse à partir du 7 février 2017), à qui ils demandent de plier bagages.
Ils se sont également plaints de la dégradation constante des conditions de vie de la population.
« Je n’en peux plus », lâche une victime, dont la maison a été détruite dans la nuit du mardi 3 juillet 2018 à Pèlerin 5 (périphérie est de la capitale), non loin de la résidence de Jovenel Moïse.
La Direction départementale de l’Ouest -Ddo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh), dirigée par Berson Soljour, avait procédé, début juillet 2018, à la démolition de plusieurs maisons à Pèlerin 5, sur ordre du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Clamé-Ocnam Daméus.
Lors de la 7e journée, le mercredi 13 février 2019, de mobilisation contre le pouvoir en place, un magasin de la compagnie de téléphonie mobile Digicel, situé à l’angle des rues Magny et Capois (au Champ de Mars), a été incendié.
À Petit-Goâve, à 68 km au sud de Port-au-Prince, des manifestantes et manifestants en colère ont aussi mis le feu au local du tribunal de première instance dans cette juridiction. [jep emb rc gp apr 14/02/2019 17:00]