P-au-P., 13 févr. 2019 [AlterPresse] --- Il n’y a aucun dénouement en perspective de la crise, qui se poursuit au 7e jour du mouvement « Pays-locked », qui vise la démission du président Jovenel Moïse, observe l’agence en ligne AlterPresse.
La situation tend à se compliquer avec des frictions, qui apparaissent entre les deux branches de l’exécutif (présidence, bureau du premier ministre).
Les projecteurs sont placés, ce mercredi 13 février 2019, sur le premier ministre Jean-Henry Céant, qui dirige, en milieu d’après-midi, un Conseil de gouvernement, au lendemain d’un Conseil des ministres, qui se serait déroulé dans une atmosphère houleuse.
Désormais, le discours, maintenu du côté des proches de Jovenel Moïse, met l’accent sur la responsabilité, qu’aurait le premier ministre, dans la situation de crise actuelle.
Le chef du gouvernement serait perçu comme un éventuel instigateur des actions de déstabilisations, qui devraient tourner en sa faveur.
Entre la 1re et la 4e année de son mandat, si le président démissionne, la Constitution amendée prévoit que c’est le Conseil des ministres, avec à sa tête le premier ministre, qui prend les rênes du pouvoir.
Dans les manifestations, organisées à travers le pays, les foules ne cessent point de réclamer la démission du president Jovenel Moise, pour son bilan jugé catastrophique. Cherté de la vie, inflation, chute accélérée du cours de la gourde...
Ce 13 février 2019 encore, c’est globalement la tension et la paralysie des activités à Port-au-Prince.
Des manifestations, qui ont lieu dans plusieurs quartiers, dans une atmosphère chaotique, convergent vers la zone du palais présidentiel, où un important déploiement de la police est observé.
La Télévison nationale d’Haïti, station publique qui se trouve sur l’axe périphérique de Delmas, a été attaquée. Des manifestants ont tenté d’incendier et de vandaliser le local de la télévision.
Des pompiers et la police sont intervenus et ont pu contrôler la situation. Quelques dégâts ont été enregistrés.
On constate une forte absence de transport en commun, mais le service des taxis-motos continue et se fait de plus en plus cher.
Les pompes à essence restent fermées, à part une ou deux stations ouvertes pour quelques heures. Le commerce parallèle du carburant s’organise à prix fort, sans qu’on puisse s’assurer de la qualité du produit.
Sur Delmas (municipalité au nord-est de la capitale), des clientes et clients ont afflué dans quelques supermarchés ouverts.
Des banques ont annoncé leur fonctionnement pour un temps limité.
De longues files ont été observées devant des guichets de quelques maisons de transferts.
Le commerce informel fonctionne timidement, mais les petites et moyennes entreprises sont demeurées globalement portes closes.
La situation est pareille pour les écoles et les bureaux publics, qui n’ont pas fonctionné.
Aucun bilan officiel des décès, enregistrés durant ces journées de troubles (du jeudi 7 février au mercredi 13 février 2019) n’a été communiqué.
Le nombre des décès se situerait entre une dizaine, selon les organismes des droits humains, et une cinquantaine, selon l’opposition.
Dans ce contexte de crise, l’ambassadrice d’Haïti en France, Vanessa Matignon Lamothe, a remis sa démission, ce 13 février 2019, au président Jovenel Moïse.
« Il est temps pour moi de me tourner vers d’autres projets », écrit la diplomate dans cette lettre, déjà parvenue, à la mi-journée du 13 février 2019, au Ministère haïtien des affaires étrangères. [apr 13/02/2019 14:30]