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Politique : Détérioration accélérée des conditions de sécurité en Haïti, sur fond de mobilisations antigouvernementales

Par Emmanuel Marino Bruno et Ronald Colbert

P-au-P, 12 févr. 2019 [AlterPresse] --- Les conditions de sécurité se détériorent, de plus en plus, sur le territoire national de la république d’Haïti, suite à la poursuite des mobilisations antigouvernementales, qui ont commencé depuis le jeudi 7 février 2019, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Depuis 6 jours, seules les ambulances peuvent globalement circuler.

Quoi qu’il en soit, les habitantes et habitants craignent d’éprouver des difficultés de déplacements, en cas de besoins en soins et santé globale.

Des véhicules privés, comme ceux des médias, osent, tout de même, emprunter des artères spécifiques, pour aller fournir des services d’information, mais aussi partir en quête de produits divers.

Les stations de produits pétroliers ne sont pas ouvertes, en raison du climat de tension et de manifestations antigouvernementales.

La population, dans différentes villes, s’inquiète des conséquences du « pays-locked », un pays totalement fermé, où les conditions d’approvisionnement en produits essentiels à la consommation tendent à devenir problématiques.

Les camions de transports publics ne peuvent plus, depuis 6 jours, voyager, ni emmener les marchandises, d’un département géographique à un autre, en raison de la montée, parfois violente, de la colère populaire contre la dégradation accélérée des conditions socioéconomiques de la population.

Seules les petites commerçantes et seuls les petits commerçants, qui avaient en réserve des provisions, continuent d’alimenter les habitantes et habitants dans différents quartiers.

Le pain est, malgré tout, accessible, dans les quartiers, avec des boulangeries établies à proximité des maisons.

Mais, l’inquiétude demeure quant aux jours à venir, avec des risques de pénurie en divers biens, de manque d’argent, de carence en eau potable et eau courante, etc.

Les marchés publics de distribution ainsi que les supermarchés restent fermés, vu la volatilité de la situation politique.

Dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que dans plusieurs villes en province, ce mardi 12 février 2019, des pneus usagés enflammés, des pierres, des détritus, des carcasses de véhicules et de nombreux objets hétéroclites sont éparpillés en plusieurs quartiers, rendant difficile la circulation automobile, à l’intérieur des villes et sur les routes nationales, entre les différents départements géographiques.

A l’instar des jours précédents, pour bloquer l’accès aux différentes voies et artères, des barricades, faites de débris divers, de pneus usagés enflammés, de pierres, etc., ont été dressées, un peu partout, à Port-au-Prince, comme sur les routes nationales No. 1 (Bon Repos et autres, périphérie nord) et No. 2 (Portail Léogâne et Martissant, périphérie sud), à Delmas 75, dans les zones dénommées Carrefour Rita, Gérald Bataille et boulevard 15 octobre (périphérie nord-est) ainsi que dans différents quartiers.

À part des taxis-motos, le transport en commun demeure, en grande partie, perturbé sur plusieurs artères de la capitale et dans plusieurs villes en province.

En dépit des tentatives de certaines patrouilles policières, pour libérer la voie publique, d’autres barricades y ont été, à nouveau, installées, par des protestataires, très déterminés à obtenir le départ de Jovenel Moïse de la présidence politique en Haïti.

Les activités scolaires, les grandes et petites entreprises sont globalement paralysées dans la capitale, Port-au-Prince, mais aussi en province, où l’inquiétude continue de gagner une bonne partie de la population, qui profite des courts moments de répit, dans le mouvement de protestations, pour se ravitailler en produits divers, dont le pain.

Des milliers de personnes, réparties en plusieurs groupes de manifestantes et manifestants, continuent de réclamer, à travers les rues, la fin du système, symbolisé par la deuxième version du régime tèt kale (première version de Joseph Michel Martelly 14 mai 2011 - 7 février 2016, deuxième version de Jovenel Moïse à partir du 7 février 2017).

Les manifestations de protestation sont enregistrées au centre-ville de Port-au-Prince, notamment à l’avenue John Brown (plus connue sous le nom de Lalue, vers le Champ de Mars, principale place publique de la capitale, où se trouvent les ruines du palais national détruit dans le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010) ainsi que dans la municipalité de Carrefour (sud de la capitale).

Des mouvements de rues au Cap-Haïtien (Nord), à Fort-Liberté, Ouanaminthe, Trou du Nord et Terrier Rouge (Nord-Est) sont également signalés ainsi que des barricades au centre-ville des Gonaïves et à Montrouis (Artibonite), aux Cayes, Port-Salut (Sud), à Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest). [emb rc apr 12/02/2019 17:35]