Par Gotson Pierre
P-au-P., 12 févr. 2019 [AlterPresse] --- C’est la 6e journée, ce mardi 12 février 2019, d’un mouvement de protestation contre le président Jovenel Moïse, qui paralyse Haïti, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Rues barricadées et manifestations sporadiques caractérisent ce mouvement appelé « Pays-lock », qui prétend verrouiller le pays pour contraindre le chef de l’État à la démission.
La circulation continuait, tôt dans la matinée, d’être difficile dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine. Des pneus usagés enflammés et de nombreux objets, placés sur des artères, compliquent les déplacements en voiture, malgré des opérations de la police pour tenter de libérer la voie publique, un peu moins encombrée.
Le transport en commun est rare, quoique quelques tap-tap et des taxis-motos soient remarqués.
Après près d’une semaine de paralysie, en dépit d’une tendance à une certaine reprise, des riverains tentent difficilement, au début de la journée, de s’approvisionner, alors que le commerce est globalement paralysé, de même que les activités bancaires, scolaires, etc.
Le gouvernement reconnaît le droit des citoyennes et citoyens à manifester dans les limites de la loi, mais condamne fermement des actes de violence, de vandalisme et de pillage enregistrés ces derniers jours. Le titulaire du ministère de la justice, Jean Roudy Aly, demande à la police nationale de sévir contre les fauteurs de troubles.
De son côté, l’opposition dénonce une cinquantaine de personnes tuées à travers le pays depuis le début du mouvement ; des décès qui s’élèvent, de préférence, à plus d’une dizaine, selon les organismes de droits humains.
Michel André, de la coalition appelée Secteur démocratique et populaire, annonce que le pays restera bloqué jusqu’à la démission du président.
Entre démission et dialogue
Plus d’une douzaine de sénateurs et de députés de l’opposition réclament la démission immédiate de Jovenel Moïse, dans une prise de position rendue publique le lundi 11 février 2019.
Le comportement irresponsable de Jovenel Moïse constitue une menace permanente pour la stabilité et la protection des vies et des biens, estiment-ils.
Ces parlementaires demandent de remplacer l’actuel pouvoir, de manière institutionnelle, et de mettre en place une transition, conduite par un gouvernement de salut public, issu d’un large consensus national.
Le secteur patronal a également fait part de sa position, à travers des communiqués de différentes chambres de commerce.
La Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (Ccih) enjoint le président Jovenel Moïse et son premier ministre Jean Henry Céant, ainsi que les parlementaires (sénateurs et députés) à mettre leur mandat sur la table d’un dialogue national.
La Ccih exhorte le président à inviter les différents secteurs socio-politiques et économiques à un dialogue national inter-haïtien, « véritable et transparent ».
Plusieurs partis politiques avaient déjà exigé, comme préalable à tout dialogue, l’insertion de la démission de Jovenel Moïse à l’agenda des discussions.
L’heure est grave, la misère augmente, le bien commun est menacé, estime la Conférence épiscopale catholique romaine en Haïti, qui déplore les pertes en vies humaines et en biens matériels.
« Le pays est au bord de l’abîme ! Cette situation ne peut pas se prolonger », lit-on dans ce communiqué, qui invite à écouter le peuple.
Les évêques catholiques en appellent à la conscience citoyenne des différentes parties, en vue d’une décision patriotique, ne serait-ce qu’au prix de grands sacrifices. [gp apr 12/02/2019 10:00]