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Journée mondiale de l’alimentation : 14 ONGs haïtiennes et internationales disent non à l’insécurité alimentaire en Haïti

P-au-P., 16 oct. 02 [AlterPresse] --- A l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, ce 16 octobre 2002, 14 ONGs haïtiennes et internationales lancent un cri d’alarme à propos de l’insécurité alimentaire en Haïti. Ces institutions, réunies au sein de la Plate-forme Haïtienne de Sécurité Alimentaire, dressent l’état des lieux de la situation dans le pays et formulent des recommandations en vue d’endiguer ce fléau.

"La crise politique aggrave la situation de sécurité alimentaire", déclare la Plate-forme dans un document mis en circulation ce 16 octobre. Mais, ajoute-t-elle, "même dans le cas d’une application correcte des résolutions de l’Organisation des Etats Américains (OEA), la crise alimentaire en Haïti restera encore très préoccupante".

Selon ces ONGs, la sécurité alimentaire n’est pas dissociable de la démocratie, des droits de la personne, de l’équité sociale et de genre. Elle n’est pas indissociable non plus de mesures de libéralisation internationale, soutiennent-elles.

Parmi les causes de l’insécurité alimentaire en Haïti, la Plate-forme identifie "la baisse du pouvoir d’achat de la majorité de la population pour accéder aux produits alimentaires de base et l’instabilité de la production alimentaire locale". Un déficit structurel chronique de cent soixante dix mille tonnes d’équivalent-céréales (170 000 TEC) a été observé.

Les 14 institutions mentionnent aussi l’impossibilité pour les petits et moyens agents économiques d’accéder aux ressources productives et les effets néfastes du cadre macro-économique sur le secteur agricole. Le taux de taxation en douane des principaux produits agricoles importés est passé de 50 % à 3 %, alors que la productivité de l’agriculture haïtienne a totalement stagné ou même régressé.

La Plate-forme Haitienne de Sécurité Alimentaire préconise une restructuration de l’Etat en vue de dynamiser le secteur agricole. Selon les ONGs, l’Etat doit favoriser l’accès des producteurs aux ressources productives, la valorisation des peu de terres cultivables du pays et l’appui aux différentes filières agricoles. L’Etat doit aussi assurer l’augmentation des services éducatifs et sanitaires, la protection aux frontières de la production nationale contre des produits subventionnés par des gouvernements étrangers.

La Plate-forme appelle les institutions financières internationales, dont le FMI et la Banque Mondiale à "tenir compte des effets néfastes des politiques d’ajustement structurel" et pense que "des programmes de sécurité alimentaire et d’éradication de la pauvreté devraient en constituer l’ossature et non des mesures d’accompagnement transitoires".

La Plate-forme Haïtienne de Sécurité Alimentaire exhorte également les organisations et institutions de la société civile haïtienne à se mobiliser pour influencer les décisions affectant leur vie et moyens de subsistance.

Parmi les institutions membres de la Plate-forme Haïtienne de Sécurité Alimentaire, on compte le Groupe de Recherche et d’Appui en Milieu Rural (GRAMIR), le Bureau Nutrition et Développement (BND), le Groupe Haïtien de Recherche et d’Action Pédagogique (GHRAP) Comité Protos Haïti (CPH) l’Agro Action Allemande (AAA), l’Association Française des Volontaires de Progrès (AFVP) et la Société pour le Développement International (SID). [gp apr 16/10/02 11:45]