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Haïti /Accord de transition : un anniversaire sous tension

P-au-P., 5 avril 05 [AlterPresse] --- L’accord de transition politique paraphé par le gouvernement, les partis politiques, des organisations de la société civile et les membres du Conseil des sages est ce 4 avril vieux d’un an.

A l’occasion de cet anniversaire, le Premier ministre haïtien remercie, dans un communiqué, « les signataires de la confiance placée en lui ainsi qu’aux membres du gouvernement, dans la mise en œuvre des différents points de cet accord de transition ».

Après avoir déploré le fait qu’il n’a pas été possible pour l’équipe au pouvoir d’exécuter toutes les tâches confiées dans l’accord de consensus, Gérard Latortue a promis que son gouvernement va s’atteler à le faire au cours des huit mois qui lui restent pour terminer son mandat.

Le Premier ministre informe par ailleurs que d’ici à la fin du mois d’avril, il se réunira avec tous les signataires de l’accord du 4 avril 2004 et d’autres segments de la population pour discuter des différents éléments de solution face à la crise que traverse le pays.

L’anniversaire de l’accord de transition a coïncidé avec une vive tension à Port-au-Prince, notamment dans les environs du quartier du Bel-Air (centre de la capitale), un des fiefs des partisans armés de l’ancien président Jean Bertrand Aristide. Les fusillades ayant ponctué cette journée ont fait au moins deux morts et plusieurs blessés.

Une étude réalisée récemment par le Groupe de crise international, une organisation faisant la promotion de la paix et des réservoirs de pensée, a estimé à trois cent mille le nombre d’armes illégales circulant à Haïti. « Elles sont pour la plupart en possession des anciens militaires et des gangs urbains ».

Pour sa part, la Coalition nationale pour les droits des haïtiens (NCHR) a, dans un rapport publié le 3 février dernier, imputé la violence sévissant à Port-au-Prince à divers groupes tels que : des partisans lavalas et policiers révoqués de l’institution policière, des anciens militaires et des partisans de l’ancienne opposition à Jean Bertrand Aristide, des membres du Front de résistance, une formation regroupant d’anciens insurgés à Aristide, des membres d’une ancienne organisation paramilitaire dénommée FRAPH et des gangs armés.

Le document fait état de la participation de policiers limogés à l’opération Bagdad lancée le 30 septembre 2004 par les partisans armés de l’ancien président en vue d’exiger son retour au pouvoir.

Alors que les élections locales, législatives et présidentielles prévues à la fin de l’année approchent, Port-au-Prince connaît ces derniers temps une nette recrudescence de l’insécurité. Soixante-quinze policiers ont été tués par balles de mars 2004 à mars 2005, selon la porte-parole de la Police haïtienne Jessy Cameau Coicou.

C’est dans ce contexte que la capitale doit accueillir la semaine prochaine une réunion exceptionnelle du Conseil de sécurité des Nations unies sur les différents aspects de la crise haïtienne. La mission durera du 13 au 16 avril.

Selon l’ambassadeur de Chine à l’ONU, Wang Guangya, cette réunion devrait permettre une évaluation de « la situation sur les plans sécuritaire, politique, économique et social, afin de voir comment les Nations unies peuvent aider Haïti ». [vs apr 05/04/05 18 : 55]