P-au-P, 17 déc. 2018 [AlterPresse] --- Le gouvernement d’ouverture proposé par le premier ministre Jean Henry Céant à travers son pacte de gouvernabilité ne donnera pas de résultats, prévient le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (Isc), Rosny Desroches.
Ce type de gouvernement d’ouverture constitue généralement une sorte de partage de gâteau entre les protagonistes politiques, fustige Desroches, invité à l’émission Ti chèz ba, diffusée le week-end ecoulé sur la station en ligne AlterRadio.
Je ne vois pas comment des partis politiques ayant des conceptions diamétralement opposées de la gouvernance de la chose publique arriveront à collaborer dans ce genre de gouvernement ?, doute-t-il.
Il estime qu’il faut au moins un minimum de cohésion dans un gouvernement.
Les négociations politiques conjoncturelles (à court terme) devraient déboucher sur une décision commune d’acceptation d’une ‘’conférence nationale non souveraine’’, espère-t-il.
Celles-ci permettraient de poser les grands problèmes structurels et prendre certaines mesures pour s’assurer que le pays ne tombera pas dans une hyper inflation au point de perdre le contrôle de la gourde (monnaie haïtienne).
Il faut, à présent, 77.00 gourdes pour un dollar américain.
Nécessité d’un vrai dialogue autour du budget 2018-2019
L’Initiative de la société civile encourage le gouvernement à engager un vrai dialogue autour du budget national pour savoir si le projet de loi de finances pour l’exercice fiscal 2018-2019 répond effectivement aux exigences de l’heure.
Ce dialogue doit également réunir les meilleurs économistes pour qu’ils puissent donner leur mot sur ce projet de budget en regard de la conjoncture actuelle.
Elle souligne un manque de pression suffisante de la population pour forcer les autorités à entamer ce genre de dialogue.
La fonction du budget est de déterminer une politique fiscale équitable. Or, Nous avons une politique fiscale non équitable parce qu’elle repose sur des impôts indirects, avec plus de poids pour les couches économiquement faibles, explique Desroches.
Une révision du système fiscal est nécessaire si on veut rétablir une paix sociale dans le pays, soutient-il, signalant une aggravation des inégalités sociales en Haïti, au cours des 40 dernières années.
Si ce budget est financé à 24% par la Banque centrale (les planches à billet), comme l’a annoncé le ministre de l’économie et des finances, Ronald Grey Décembre, cela risquerait d’entrainer une inflation galopante et une chute vertigineuse de la gourde, avertit Desroches.
Le nouveau projet de loi de finances déposé dans les deux branches du parlement, le mardi 11 décembre 2018, se chiffre à 172,8 milliards de gourdes, dont 110 milliards allouées aux dépenses de fonctionnement et 62,8 milliards aux investissements.
En plus des programmes sociaux annoncés par le gouvernement à travers ce budget, il faut des comités de contrôle de vigilance sur l’utilisation de ces fonds, recommande Desroches.
Par ailleurs, il en profite pour critiquer les parlementaires qui gèrent leurs propres intérêts au lieu de contrôler les actions gouvernementales.
Rony Desroches appelle la société civile à se substituer à cette défaillance du parlement dont la performance demeure extrêmement faible pendant l’année législative. [emb vs apr 17/12/2018 16 :40]