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Haiti : Le temps ne fera pas taire la clameur " Justice pour Jean-Dominique !"

Communiqué du Centre Oecuménique des Droits Humains

Soumis à AlterPresse le 3 avril 2005

Cinquième anniversaire de la mort de Jean Dominique :

Le pays attend le résultat des enquêtes

Le cinquième anniversaire de l’assassinat de Jean-Léopold Dominique a coincidé avec les travaux du 6e Forum Citoyen pour la Réforme de la Justice Pénale qui avait pour thème « l’ENQUETE ». Il a aussi coincidé avec la nomination d’un nouveau juge d’instruction chargé de reprendre le dossier, ce qui devrait permettre que le cas Jean Dominique-Louissaint soit enfin présenté pour jugement en Cour d’Assises. L’attente au niveau national, et l’attention internationale qui se sont fixées sur ce cas, l’ont converti en un défi - incontournable- pour l’Etat haïtien. Le temps ne fera pas taire la clameur « Justice pour Jean-Dominique ! » car elle résonne aussi au nom de Brignol Lindor, des trois enfants de Viola Robert et tant d’autres encore, tués ou disparus, et au nom de ces centaines de personnes qui attendent de passer en jugement dans une situation de détention prolongée indéfendable, insoutenable. Le défi est là . C’est un devoir : poursuivre l’enquête jusqu’à sa conclusion, l’amener au procès pénal, au verdict, à la sanction, ou à la libération,

Contre cela, contre un exercice normal de la justice, basé sur des faits et basé sur la loi, nous avons cinquante ans de défaillance qui étouffent le système de justice et pas seulement la production d’une enquête. Cette défaillance s’est maintenant installée et généralisée provoquant une paralysie des mécanismes de fonctionnement, des institutions elles-mêmes, et de l’appareil de gouvernement lui-même. Or, comment peut-on gouverner sans exercer la justice, comment peut-on diriger sans pourchasser l’impunité, comment peut-on vivre ensemble sans désarmer les groupes violents qui occupent la rue ? Mais pour le faire, il faut que se réveille et s’exprime dans tout l’appareil gouvernemental, et au sein de la police nationale, une volonté de justice. La justice ne se fera pas toute seule. Il faut la vouloir. Il faut la vouloir au sommet, il faut la vouloir à tous les niveaux de l’administration.. Il faut la vouloir efficacement. Il faut la vouloir ensemble. C’est cela. la transition démocratique. La vraie.

En effet, le réveil de la justice est la condition préalable, le signal, que toute la population attend, d’un authentique changement. Sans ce déclic, tous les grands projets auront le sort qu’ont eu les investissements faits dans le passé. Tous les pactes de gouvernabilité seront des paroles dans le vent.

Le Centre œcuménique (CEDH), la Commission Citoyenne pour l’Application de la Justice (CCAJ), en accord avec tous les groupes de défense des droits et en accord avec l’attente profonde de la population, insistent pour que les autorités actuelles prennent les mesures afin que les enquêtes soient bouclées dans le délai prévu par la loi, que la possession d’armes illégales soit poursuivie avec tenacité, que l’impunité soit mise en échec pas seulement dans les discours. C’est dans la mesure où ces choses sont faites maintenant, qu’il pourra y avoir un avenir de peuple pour tous, un espoir pour demain. Cet avenir demande qu’aujourd’hui s’exprime et se manifeste, clairement, fermement, une volonté politique. Sans cela,.les enfants de neuf ans continueront à tuer et des centaines de familles continueront à attendre une justice qui refuse d’exister.

Jean-Claude Bajeux Dir.

Ex. CEDH, Coordonateur CCAJ, le 3 avril 2005