P-au-P, 30 nov. 2018 [AlterPresse] --- Il faut une force morale pour rendre possible le dialogue entre les différents protagonistes de la crise actuelle en Haïti, estime Aly Acacia, chroniqueur au journal Le Nouvelliste, également entrepreneur et promoteur.
Les dirigeants politiques se sont disqualifiés pour convoquer ces pourparlers, affirme Acacia, qui intervenait à l’émission TiChèzBa, animée par Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedi 1er et dimanche 2 décembre 2018 sur la station AlterRadio 106.1 FM et alterradio.org (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Qui doit convoquer le dialogue, puisque les protagonistes en question sont une bande d’illégitimes ? se demande-t-il.
Puisque, ajoute-t-il, « personne n’a la confiance de la population, que ce soit Jovenel Moise, Michel André, Jean Henry Céant ou d’autres ».
À cause de leurs objectifs, trop limités dans le temps, les protagonistes, qui sont au-devant la scène politique, seraient inaptes à mener ce dialogue, lequel devrait impliquer de vrais démocrates, entre autres, souligne-t-il.
À travers des mouvements de protestation, une frange de l’opposition exige, notamment, la démission du président Jovenel Moïse comme seule issue à la crise socio-politique.
Elle réclame aussi la reddition des comptes sur la gestion des fonds PetroCaribe d’aide vénézuélienne à Haïti, estimés à 3,8 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 76.00 gourdes ; 1 euro = 90.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.70 gourde aujourd’hui).
Lors de son adresse à la nation, dans la soirée du mercredi 21 novembre 2018, le chef de l’Etat avait demandé au chef du gouvernement de prendre des dispositions pour un dialogue impliquant toutes les tendances de la nation.
Ce discours présidentiel a fait suite à la paralysie des activités, provoquée par les mobilisations anti-gouvernementales, les dimanche 18, lundi 19 et mardi 20 novembre 2018.
La crise actuelle serait caractérisée notamment par une insatisfaction des masses, qui a atteint d’autres couches, indifférentes jusque-là, analyse l’entrepreneur.
Lutte acharnée pour le pouvoir... sans idéal
La lutte acharnée pour le pouvoir, dénuée d’idéal, devient plus vive dans la conjoncture politique actuelle, fait-il remarquer.
Il déplore le fait que, de février 1986 à date (novembre 2018), personne n’a pensé à bâtir le pays, de manière constructive, avec la participation de la population.
Les partis politiques ont échoué dans la conquête d’espace politique, c’est-à-dire d’une place parmi l’électorat, constate Acacia, appelant les politiciens à une introspection, en vue d’un renversement de la situation actuelle.
Le fait que des partis politiques se présentent aux élections, sans programmes politiques, constitue une sorte de mépris vis-à-vis de la population, regrette-t-il.
« Avec grand renfort d’argent, on risque d’avoir un autre Martelly, et c’est faisable », prévient-il.
« On n’est plus dans la conviction, on est dans le pragmatisme », relève-t-il, souhaitant une meilleure construction des partis politiques.
Les secteurs de l’opposition ne donnent pas de ’’raison valable et réaliste’’ pour exiger le départ de Jovenel Moise, en dépit de la mauvaise gouvernance de ce dernier, affirme le chroniqueur, plaidant en faveur d’un pouvoir démocratique mais fort. [emb gp apr 30/11/2018 16:10]
Texte : Emmanuel Marino Bruno
Images : Wedly Ludger
Montage : Gotson Pierre