P-au-P., 08 janv. 2019 [AlterPresse] ---En Haïti, la violence et la maltraitance définissent la situation des personnels de maisons, plus précisément les servantes. Un cadre, de fait, qui reproduirait, depuis la nuit des temps, le schéma de l’esclavage.
« Les problèmes, que subissent les domestiques en Haïti, sont liés à notre condition socioculturelle, notre conception de l’être humain », déclare Marie Laurence Jocelyn Lassègue à une récente édition de l’émission Espas Fanm Magazin sur AlterRadio.
Quelle perception avons-nous d’une servante en Haiti? Comment les enfants considèrent-t-ils ces personnes qui les coltinent systématiquement à la place de leurs parents ?
Ce sont des questions, soulevées par le centre culturel Apui pou rechèch ak animasyon kiltirèl ayisyen (Araka, fondé le 13 août 1988 à Port-au-Prince), qui a lancé, à la fin de l’année 2018, une quinzaine de séances de réflexions, dans une perspective de sensibilisation sur la condition des domestiques en Haïti.
« Chez nous, des gens, qui sont prêts à engager des servantes chez eux, ne les considèrent pas comme des professionnelles. Ils (elles) les perçoivent comme des êtres inférieurs. Quand je demande où logent leurs servantes, on me répond souvent : dans la cuisine, sur la galerie, dans le salon. Ce qui constitue une forme de violence », déplore Marie Laurence Jocelyn Lassègue.
Considérant combien le problème vacille entre le culturel et l’éducatif, les organisateurs ont décidé de viser les écolières et écoliers pour cette campagne de sensibilisation.
La série de conférences, présentées par l’ex ministre à la condition féminine et aux droits des femmes,MarieLaurence Jocelyn Lassègue, est soutenue dans les écoles classiques de la capitale.
Selon Marie Laurence Jocelyn Lassègue, « nous ne cultivons pas le sens de solidarité et le respect de l’autre. Entre salaire de misère et la déshumanisation, les traumatismes, que subissent les servantes, sont parfois susceptibles d’aboutir à des actes de méfiance, de la défensive systématique et même des violences à l’égard de leur progéniture ».
« Nous vivons dans une société esclavagiste. On ne nous a pas élevés pour vivre en ’sororité’, pour vivre en solidarité », fustige-t-elle.
Avant cette initiative du centre culturel Araka, d’autres actrices et acteurs sociaux ont déjà tiré la sonnette d’alarme.
Il y a plus de vingt-cinq ans, l’assemblée des organisations de femmes, ayant vu le jour le 22 mars 1998, a accouché d’une proposition de loi, ayant modifié l’article 257 du Code du travail (encore en vigueur en janvier 2019), en vue d’améliorer la condition des personnels domestiques.
Une proposition de loi, qui a été approuvée par le parlement haïtien en 2009, mais qui n’a jamais été promulguée. [dj jf gp apr 08/01/2019 10:50]