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Haïti-Politique : Début de panique à Delmas et Pétionville, à l’occasion d’une nouvelle manifestation antigouvernementale

P-au-P, 23 nov. 2018 [AlterPresse] --- Un début de panique est enregistré, ce vendredi 23 novembre 2018, dans les communes de Delmas (au nord-est de Port-au-Prince) et de Pétionville (à l’est), suite à la dispersion, à coups de gaz lacrymogènes, dans les environs de Delmas 60, d’un mouvement de protestation contre les autorités en place, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Très vite, en début d’après-midi, les différents commerces (y compris du secteur informel) et autres services, qui avaient ouvert leurs portes, ont été contraints de fermer.

Ce qui a rendu difficile toutes possibilités, pour les riveraines et riverains, à Delmas et Pétionville, vers 2:00 pm locales (19 :00 gmt), de trouver des bouteilles d’eau potable, des aliments cuits et d’autres produits nécessaires à la consommation.

Les différentes rues ont été, de suite, vidées, devenant peu fréquentées, voire désertes, dans les communes de Delmas et Pétionville.

La dispersion de la manifestation antigouvernementale a eu lieu vers 1:30 locale (18:30 gmt), lorsque des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo), à l’aide de barrages, ont empêché l’une des branches de la manifestation de franchir l’angle de la route de Delmas et de Delmas 60, en direction de Pétionville.

Une autre branche de la manifestation antigouvernementale, en provenance du haut de Pétionville, qui tentait de rejoindre les protestataires, venant du bas de Delmas (s’étant acheminés des routes de l’aéroport international de Port-au-Prince et de Delmas), n’a pas pu parvenir à ses fins.

Peu après, des jets de pierres fusaient çà et là.

Entre-temps, repliées, des portions de la manifestation antigouvernementale tentaient de se reconstituer dans les environs de la municipalité de Pétionville, dans le but, apparemment, d’explorer les opportunités d’atteindre le Champ de Mars (principale place publique de la capitale, à proximité du palais national), où devait prendre fin le mouvement de protestation antigouvernementale, suivant le parcours défini par les organisateurs et notifié à la police nationale.

Avant la dispersion de la manifestation antigouvernementale, les journalistes ont constaté une tentative d’incendie d’une station à essence, sur la route de Delmas. Le feu a été vite maîtrisé, à partir d’extincteurs.

Les protestataires ambitionnaient, cevendredi 23 novembre 2018, d’exprimer, dans les rues de Pétionville, à l’endroit du secteur privé, leurs revendications de démission de Jovenel Moïse de la présidence politique en Haïti.

Face aux risques de casse et de violence, surtout à Pétionville (municipalité réputée comme lieux de résidence des classes possédantes et d’implantation de la plupart des grands commerces, notamment après le tremblement de terre dévastateur du mardi 12 janvier 2010), la Police nationale d’Haïti (Pnh) aurait résolu de placer des « barrages stratégiques », ce vendredi 23 novembre 2018, au niveau de Delmas 60, pour interdire l’accès de manifestantes et de manifestants, à partir de Delmas, selon les informations disponibles.

Haïti vit encore une situation de tension, aggravée avec une nouvelle phase du mouvement de l’opposition politique, enclenché le dimanche 18 novembre 2018 (215e anniversaire de la bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, qui aboutit à la proclamation, le 1er janvier 1804, de la proclamation de l’indépendance d’Haïti de la France).

Comme un symbole, l’opposition politique exige la démission de Jovenel Moïse et de son équipe tèt kale, qu’elle accuse d’incapacité à assurer une saine gestion des affaires publiques, sur le territoire national.

En plus d’un grand déficit budgétaire (plus de 20 milliards de gourdes pour l’exercice fiscal 2017 – 2018), les citoyennes et citoyens font face à un coût très élevé de la vie, le taux d’inflation sur divers produits continuant de dépasser les 15% sur le marché national. La monnaie nationale se déprécie encore, à un rythme accéléré, atteignant, aujourd’hui, 76.00 gourdes pour un dollar américain et 89.00 gourdes pour un euro.

Les perspectives économiques demeurent très sombres pour les agentes et agents économiques, un mois avant la période des fêtes de fin d’année 2018. [emb rc apr 23/11/2018 13:45]