Par Edner Fils Décime
P-au-P, 15 nov. 2018 [AlterPresse] --- Avec l’album « mémoire », le chanteur Raymond Cajuste et son « big band » Bossa Combo offrent, aux mélomanes haïtiens et d’ailleurs, une nouvelle possibilité de jouissance d’une musique de qualité et de textes de bonne facture, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Cette proposition musicale arrive dans un contexte, où, depuis quelques temps, des connaisseuses et connaisseurs reprochent aux productions, issues du Konpa dirèk (le rythme populaire de musique dansante en Haïti), de laisser un arrière-goût de travail bâclé aux consommatrices et consommateurs.
L’excellence, comme qualificatif des disques de Konpa dirèk, relève de l’exception.
L’album « Mémoire » compte 12 morceaux, produits par Raymond et Clarck Cajuste : Chwal Papa, Pwomès, Sourire, Silence, Konplo, Bètchay, Mémoire, Miguel, Colon, Lakou et ki lè m a wè ou (Quand te verrai-je ?).
Il parle d’amour, de patrie, de vodou, de mémoire et de musique.
Des musiciens et instrumentistes remarquables accompagnent Cajuste et le Bossa dans cette nouvelle aventure. Des guitaristes, comme Makarios Césaire et Ralph Condé ; le percussionniste, Shedly Abraham ; le saxophoniste Harold Jean Pierre, la chanteuse Georgy Métellus.
La majorité des musiciens, ayant collaboré à la réalisation de cet opus, ont traversé plusieurs générations.
Est-ce l’une des raisons expliquant la facilité à convenir aux tympans de la nouvelle génération de mélomanes d’Haïti, tout en gardant une touche des années d’avant 1990 ?
L’album regorge de sonorités dansantes, les mélodies sont accrocheuses. Des sons comme Pwomès, « Sourire », « Silence » peuvent entrer facilement dans une playlist avec Lajan sere du groupe « Klass », « Incroyable » de Harmonick ou m swete l danse de Zenglen, « Why now » de New Look ou « So sweet » de l’Orchestre Tropicana d’Haïti.
Certes, de par son parcours, on peut associer Cajuste au rythme Konpa dirèk.
Cependant, en se référant à l’interprète de « mémoire », il est difficile de l’intégrer dans un genre quelconque..
De Chwal Papa ou « Miguel » - deux tubes de Konpa dirèk - en passant par l’interprétation reggae de « Colon » et Lakou, aux couleurs proches de la tendance rasin (du tréfonds culturel en Haïti), sans oublier ki lè m a wè ou, Cajuste fait preuve, sans conteste, d’un vocaliste, un grand chanteur.
Sur cet album, la consommatrice et le consommateur font ou refont l’expérience des chansons avec des chorales parfaites.
Toute oreille avertie et exercée ne manquera pas de souligner, à l’encre forte, la qualité des cuivres.
La qualité des textes, l’harmonisation, le niveau d’arrangement de cet album mérite d’être pris en exemple par nos créatrices et créateurs de l’industrie musicale haïtienne.
Une fois de plus, Raymond Cajuste prouve que chanter ne signifie pas crier.
À l’écoute de ce disque, on sent la facilité de l’interprète à exécuter les morceaux, dans des gammes compatibles avec sa dominante vocale.
En parcourant les 12 titres de l’album « mémoire », on finit par réaliser que Roselin Jean n’a pas tort de lancer, en introduction du « thème » de Bossa Combo (Titre 1), que « les grands créateurs ne déçoivent jamais ».
Les titres de mémoire sont en rotation sur AlterRadio 106.1FM, sur le site www.alterradio.org ainsi que diverses plateformes internet.
Compositeur et chanteur émérite du Bossa Combo, groupe mythique pour diverses générations, mais aussi adulé, dans le temps, par l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, Raymond Cajuste est considéré comme une figure emblématique du Konpa dirèk. [efd gp apr 15/11/2018 11 :10]