P-au-P, 12 nov. 2018 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) dénonce une répression systématique du pouvoir actuel, orchestrée contre des manifestantes et manifestants qui réclament des comptes sur la dilapidation des fonds PetroCaribe.
Dans un rapport en date du 9 novembre 2018, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse, il met en garde les autorités gouvernementales contre toute répression de la liberté d’expression du peuple haïtien.
Lors de la mobilisation du 17 octobre 2018 visant à exiger que lumière soit faite sur l’utilisation des fonds PetroCaribe, 8 personnes ont été tuées, 61 autres ont été blessées, dont plusieurs atteintes par balles, alors qu’elles se trouvaient ou se rendaient chez elles, déplore-t-il.
Le bilan des « exactions policières », enregistrées lors de cette journée, est « lourd » et « regrettable », critique-t-il.
Il fustige la riposte jugée disproportionnelle des agents policiers contre les protestataires qui lançaient sur leurs véhicules des jets de pierres et de bouteilles, à l’occasion des funérailles, le 31 octobre 2018, de 6 des 8 personnes tuées par balles dans la manifestation du 17 octobre 2018.
Les policiers ont fait usage à profusion de gaz lacrymogènes, tirs d’armes à feu et tirs de balles en caoutchouc pour disperser la population, lors de la marche du 31 octobre 2018, qui s’est muée en une manifestation pour réclamer des comptes autour de l’utilisation des fonds PetroCaribe.
Au moins une personne a été tuée par balle et 8 autres personnes ont été blessées par balles, rapporte l’organisme de défense des droits humains.
« Intervenir brutalement pour empêcher des funérailles d’être chantées à l’heure fixée, empêcher des citoyens de marcher pacifiquement en vue de réclamer justice et réparation pour ceux-là qui ont été tués dans l’exercice d’un droit consacré », constitue, entre autres, ’’des actes innommables’’, critique le Rnddh.
Il recommande à l’Inspection générale de la Police nationale d’Haiti (Pnh) de sévir rigoureusement contre tous les agents de l’institution, impliqués dans les exécutions, les blessures par balles, les agressions verbales et physiques, enregistrés les 17 et 31 octobre 2018.
Il exhorte également la Pnh à éviter de se laisser instrumentaliser par des autorités politiques.
Le Rnddh invite la population à continuer à se mobiliser pour, pacifiquement, réclamer le respect de tous ses droits et libertés et exiger, dans le respect de la loi, des comptes sur la dilapidation des fonds PetroCaribe.
Depuis le déclenchement, à la mi-août 2018, du mouvement #PetroCaribeChallenge, des manifestations se multiplient à Port-au-Prince, dans les villes de provinces et dans la diaspora, pour demander de faire la lumière sur la dilapidation de ces fonds publics.
De hauts fonctionnaires de l’Etat, dont des proches de l’actuel président, ont été indexés dans la dilapidation des 3 milliards de dollars américains du programme PetroCaribe (Ndlr : US $ 1.00 = 76.00 gourdes ; 1 euro = 89.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui). [emb gp apr 12/11/2018 11:40]