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Politique : Le contexte actuel ne se prête pas à une augmentation des prix du carburant, selon l’économiste Eddy Labossière

P-au-P, 7 nov. 2018 [AlterPresse] --- Le gouvernement haïtien a pris ’’un gros risque’’ en annonçant, dans ’’ce contexte délétère’’, une nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers, estime l’économiste Eddy Labossière, dans une interview accordée à la station AlterRadio.

Le pouvoir en place aurait dû entreprendre un dialogue avec des secteurs clés de la société, pour expliquer clairement la situation à la population, à travers une véritable approche pédagogique, affirme-t-il.

Cette initiative aurait déjà dû être entreprise au lendemain des émeutes violentes des 6 et 7 juillet 2018, qui avaient contraint le docteur Jack Guy Lafontant, à remettre sa démission, le samedi 14 juillet 2018.

Le notaire Jean Henry Céant a été désigné, le 6 août 2018, pour le remplacer.

Le retrait de la subvention des prix du carburant à la pompe risque d’avoir les mêmes effets provoqués par les dernières émeutes, augure Labossière.

La conjoncture actuelle est marquée par une accélération de la dépréciation de la Gourde (74 Gourdes pour un dollar), une hausse de l’inflation qui a atteint les 15% ainsi qu’une baisse du pouvoir d’achat de la population, signale-t-il.

Une nouvelle hausse des prix du carburant constitue une décision délicate que le gouvernement ne devrait pas prendre tout seul, pense-t-il.

L’administration du président Jovenel Moïse et du premier ministre Jean Henry Céant envisagerait l’éventualité d’augmenter les prix de l’essence dans le projet de budget 2018-2019, selon une récente déclaration du ministre de l’économie et des finances, Ronald Décembre.

L’échec du gouvernement à augmenter le prix de l’essence aurait entrainé un déficit budgétaire de 26 milliards de gourdes, fait savoir le ministre.

Le gouvernement a le dos au mur, eu égard à la tendance de hausse des prix du baril du pétrole sur le marché mondial, souligne l’économiste pour qui, loin de s’améliorer, la situation s’est détériorée.

Il exhorte le gouvernement à faire preuve de prudence dans ses décisions puisqu’il est, selon lui, dans une situation difficile où plusieurs secteurs demandent sa démission.

De plus, la population est dans l’attente du procès PetroCaribe qui traîne encore.

Plusieurs anciens hauts fonctionnaires de l’Etat, dont deux anciens premiers ministres, sont, entre autres, soupçonnés d’implication dans la dilapidation de plus de 3 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 74.00 gourdes ; 1 euro = 89.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui) dans la gestion du programme d’aide vénézuélienne PetroCaribe.

Des responsables de firmes de constructions sont également pointés du doigt dans des appels d’offres suspects, relatifs à ce dossier.

Deux rapports du sénat en Haïti sur cette affaire ont été transmis, depuis le 1er février 2018, par des sénateurs pro-gouvernementaux, à la suite d’une séance qualifiée de « clandestine », à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Csc/ca), pour une enquête administrative plus approfondie.

Depuis la mi-août 2018, à la faveur du mouvement PetroCaribe Challenge, des mobilisations se multiplient à Port-au-Prince, dans les villes de provinces et dans la diaspora, pour demander de faire la lumière sur la dilapidation des fonds PetroCaribe.

Le bureau du juge d’instruction, Ramoncite Accimé, qui a débuté, le jeudi 27 septembre 2018, l’audition des personnes plaignantes a reçu, de janvier 2018 à date, plus d’une soixantaine de plaintes, relatives au dossier PetroCaribe. [emb gp apr 07/11/2018 11 :15]