P-au-P, 30 oct. 2018 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) a dénombré au moins 118 décès dans les prisons haïtiennes, de janvier à octobre 2018.
Environ douze décès sont enregistrés chaque mois dans les centres carcéraux, précise le Rnddh dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ces nombreux décès en prison seraient dus, selon lui, aux conditions difficiles de détention additionnées au manque de soins médicaux et à une alimentation déséquilibrée.
Les cas de décès sont élevés à la prison civile de Port-au-Prince parce que celle-ci accueille d’autres détenus malades des autres prisons du département de l’Ouest en particulier, souligne-t-il.
De plus, « le commissariat de Petit-Goâve converti en prison ne transfère que des détenus très malades qui souvent meurent quelques jours après leur arrivée à la prison civile de Port-au-Prince ».
Certains détenus sont décédés en prison alors qu’ils étaient encore en situation de détention préventive, fustige le Rnddh.
« 75.05% des prisonniers attendent que les autorités judiciaires se prononcent sur leur sort. Parmi eux, au moins 814 recensés dans 11 centres de détention, sont incarcérés de 2004 à 2016. 24.93 % des prisonniers sont condamnés ».
Au moins, 236 d’entre eux n’ont pas encore reçu leur dispositif de jugement, poursuit-il.
Par ailleurs, l’organisme de défense des droits humains déplore les mauvaises conditions de détention des prisonniers en Haïti, en général.
Au moins 37 % des bâtiments accueillant les prisons sont vétustes et inadaptés, indique-t-il.
Le Réseau fait également état de cellules insalubres dans les prisons et d’un manque de lits ou de matelas dans la majorité d’entre elles.
Les détenus notamment ceux des centres carcéraux des régions reculées se voient contraints de dormir à même le sol, sur des morceaux de carton, des tissus, des tapis ou des draps fournis par les membres de leur famille, rapporte-t-il.
Le Rnddh recommande aux autorités concernées d’offrir au moins deux repas par jour aux détenus au lieu d’un et d’équiper les infirmeries des prisons en matériels de fonctionnement et en médicaments.
Il les exhorte à exécuter les prescriptions spécifiques de médicaments et les analyses médicales ordonnées par les médecins.
Il demande également d’organiser au plus vite, au profit des 814 détenus oubliés par le système judiciaire haïtien, des audiences exceptionnelles ainsi que des audiences correctionnelles et criminelles, de manière régulière. [emb gp apr 30/10/2018 12 :35]