P-au-P, 22 oct. 2018 [AlterPresse] --- Le premier ministre Jean Henry Céant, qui a été investi comme nouveau chef de gouvernement le lundi 17 septembre 2018 - pour remplacer Jack Guy Lafontant, démissionnaire après les émeutes des vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018, annonce la création d’une commission indépendante pour la recherche de la vérité, autour du dossier de dilapidation des fonds PetroCaribe.
Cette commission indépendante sera créée « dans un souci de recherche de la transparence et de participation des citoyennes et citoyens », impliqués dans le combat relatif à cette affaire, indique Céant, lors d’un point de presse, ce lundi 22 octobre 2018, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Cette commission indépendante devrait être composée de représentantes et représentants d’institutions crédibles de la société civile, de partis politiques, des églises catholiques et protestantes ainsi que des jeunes du mouvement #PetroCaribeChallenge.
Des moyens seront mis à disposition, en vue de permettre à l’équipe constituée de faire le jour sur ce dossier, informe le premier ministre.
« Nous allons mettre à disposition une firme étrangère, qui sera désignée par les membres de la commission indépendante ».
Cette firme sera « financée et encadrée par le gouvernement pour conduire la recherche au niveau de l’audit, du contrôle et de la traçabilité des fonds PetroCaribe », ajoute-t-il.
Déjà, des voix s’interrogent sur la valeur institutionnelle de ladite commission indépendante.
Qu’adviendra-t-il des recommandations de ladite commission indépendante, plusieurs mois après les recommndations de 2 commissions sénatoriales spéciales d’enquête sur l’utilisation suspecte de plus de 3 milliards de dollars américains des fonds PetroCaribe ?
Ne s’agirait-il point de la création d’une autre commission « pour enterrer la question », c’est-à-dire la recherche de la vérité sur l’utilisation suspecte des fonds PetroCaribe par plusieurs fonctionnaires ?
Quoi qu’il en soit, Jean Henry Céant souligne l’importance du système judiciaire dans le dossier Petrocaribe.
18 hauts fonctionnaires, dont 16 conseillers au sein du cabinet présidentiel, viennent d’être démis de leurs fonctions, selon des arrêtés publiés dans le journal officiel « Le Moniteur », en date du lundi 22 octobre 2018.
Yves Germain Joseph, secrétaire général de la présidence, et Wilson Laleau, chef de cabinet du président Jovenel Moïse, dont les noms sont cités dans le dossier Petro-Caribe, ont été, respectivement, remplacés par Jean Hibert Lebrun et Nahomme Dorvil.
Deux arrêtés présidentiels font part de ces nouvelles nominations.
Cette cascade de révocations fait suite à la demande, faite par le président Jovenel Moïse, à tous les grands commis de l’Etat, indexés et ayant eu une part active dans la gestion des fonds PetroCaribe, de se mettre à disposition pour être entendus par la justice.
Sur son compte Twitter, Jovenel Moïse a aussi appellé le chef du gouvernement, Jean Henry Céant, à donner tous les accompagnements requis aux institutions concernées, notamment l’appareil judiciaire, pour faire luire la lumière sur l’utilisation des fonds PetroCaribe.
« Toutes les firmes, qui ont encaissé l’argent du contribuable et qui n’ont pas honoré leurs engagements, seront poursuivies, d’où qu’elles soient, conformément à la loi. Je demande aux représentants légaux de l’Etat de s’en charger, suivant les formes légalement requises », avait-il ajouté.
Jovenel Moïse a promis la tenue du procès PetroCaribe, à l’occasion de la cérémonie officielle, le mercredi 17 octobre 2018, du 212e anniversaire de l’assassinat (le 17 octobre 1806) de Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation.
Le marcredi 17 octobre 2018, des marées humaines de personnes ont envahi les rues de nombreuses villes en Haïti (Port-au-Prince, Delmas, Pétionville / département de l’Ouest, Cap-Haïtien / Nord, Les Cayes / Sud, Gonaïves et Saint-Marc / Artibonite, Port de Paix / Nord-Ouest, Hinche et Lascahobas / Plateau central, Miragoane / Nippes, etc.), dans le cadre du mouvement #PetroCaribeChallenge, pour demander des comptes sur l’utilisation des fonds PetroCaribe d’aide vénézuelienne à Haïti.
De hauts fonctionnaires de l’Etat, dont des proches de l’actuel président, ont été indexés dans la dilapidation de plus de 3 milliards de dollars américains du programme PetroCaribe (Ndlr : US $ 1.00 = 73.00 gourdes ; 1 euro = 88.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui). [mj emb rc apr 22/10/2018 15:40]