P-au-P., 30 mars. 05 [AlterPresse] --- Un tribunal haïtien de Fort-Liberté (Nord-est) a condamné le 22 mars dernier la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI), installée dans la zone franche de Ouanaminthe (frontière nord-est avec la République Dominicaine) et son agent de sécurité Alex Corona, pour violation de droits humains, a appris AlterPresse.
Selon une note de la commission justice et paix de Ouanaminthe, transmise à AlterPresse, la décision de la justice sanctionne les mauvais traitements infligés le 4 juillet 2004 à 2 ouvriers.
Corona a été condamné à 3 ans de prison pour infraction et l’entreprise CODEVI devra payer six millions de gourdes de dommages et intérêts aux 2 victimes. Aucune information n’est disponible sur les dispositions prises pour faire appliquer cette sentence.
« Le verdict de ce jugement servira de leçon à la CODEVI », a estimé justice et paix. « Si la compagnie offre du travail aux Haïtiens, elle doit les respecter, les considérer comme des êtres humains dont la dignité n’est gommée ni par la pauvreté, ni par l’ignorance », a poursuivi l’organisme.
La plainte avait été déposée par Felix Felicien et Louna Elfraus, une femme enceinte de 4 mois, a indiqué le communiqué. Les deux avaient été sévèrement frappés à la taille et au dos, a-t-il précisé.
Selon la commission justice et paix de Ouanaminthe, la défense des travailleurs a été assurée par l’avocat haïtien Maismy Fleurant. Le jugement avait commencé le 8 mars et l’agent Corona, cité à 3 reprises, ne s’est jamais présenté à la barre.
Sur un autre dossier, la CODEVI avait trouvé un accord le 5 février dernier avec le syndicat de travailleurs SOKOWA, après 8 mois de conflit de travail qui avait provoqué la révocation de plus de 150 ouvriers.
C’est la seconde fois qu’un tribunal haïtien rend un jugement contre les abus faits à des travailleurs dans la zone franche de Ouanaminthe. En décembre 2004, la justice de Fort Liberté avait notifié à la firme Grupo M, propriétaire de la Zone Franche de Ouanaminthe, sa condamnation à payer 1,5 millions de Gourdes pour violation de droits des travailleurs. [gp apr 29/03/2005 00:10]