P-au-P, 19 oct. 2018 [AlterPresse] ---- Le recul d’Haïti dans le classement de la compétitive mondiale serait dû à son extrême niveau de corruption, estime l’économiste Eddy Labossière.
Haïti occupe la 138e place sur 140 pays à travers le monde, dans le classement du Forum économique mondial sur la compétitivité, publié le mardi 16 octobre 2018.
Dans le précédent rapport, Haïti occupait la 128e place sur 137 économies analysées à l’échelle mondiale.
La place qu’occupe Haïti dans ce classement n’est pas étonnante, elle est largement méritée si on considère le niveau de corruption qui bat son plein dans le pays, affirme Eddy Labossière, dans une interview accordée à la station AlterRadio.
« Aujourd’hui si le pays est pauvre, c’est à cause de la corruption. La Nation n’a jamais demandé des comptes », blâme-t-il.
En Haïti, le problème d’investissement qui ne date pas d’hier constitue un handicap majeur au développement du pays, souligne-t-il.
Le budget d’investissement public est pratiquement alloué au fonctionnement des appareils de l’Etat, regrette-t-il.
La corruption en Haïti ne sera pas facile à combattre parce qu’elle se trouve contenue dans la loi qui fait du président un mineur n’ayant pas de comptes à rendre concernant la finance et les biens de l’Etat, fait remarquer l’économiste.
« Pour combattre la corruption, il faut d’abord mettre en place un bouclier fiscal et de faire en sorte que les institutions telles que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Csc/Ca) et la Commission nationale de passation des marchés (Cnpm) soient indépendantes ».
Labossière appelle à repenser les lois de la République pour qu’elles responsabilisent toutes celles et tous ceux qui utilisent les fonds publics.
On aura beaucoup de mal à condamner celles et ceux qui ont dilapidé les fonds PetroCaribe, à cause d’une absence de justice spécialisée en finances en Haïti, pense-il.
Le lendemain du vaste mouvement de mobilisation anti-corruption du 17 octobre 2018, à travers le pays, le président Jovenel Moïse a demandé, sur son compte Twitter, aux hauts fonctionnaires indexés dans le dossier Petro-Caribe et ayant eu une part active dans la gestion de ces fonds de se mettre à disposition, pour être entendus par la justice. [dj emb gp apr 19/10/2018 09:55]