P-au-P., 29 mars. 05 [AlterPresse] --- Des individus lourdement armés, montés à bord de véhicules non identifiés ou circulant à pied, ont à nouveau attaqué en milieu de journée de ce 29 mars, le siège central du Conseil Electoral Provisoire (CEP) à Delmas, axe nord / nord-est de la capitale.
Pendant plus de dix minutes d’horloge, ils ont tiré de persistantes rafales d’armes automatiques, créant l’émoi et une vive tension parmi la population de Delmas, aux abords du siège du CEP, sans faire de victimes.
« Il s’agit bien d’un feu nourri dirigé contre l’institution électorale. Mais, les policiers de faction, quoique faiblement pourvus en matériels d’appoint, ont pu repousser avec courage cette attaque qui n’a pas causé heureusement de pertes en vie humaines », a indiqué à la Presse Rosemond Pradel, secrétaire général du CEP.
Un transformateur électrique, placé à l’entrée du siège social du CEP, a été, pour le moins, atteint par les projectiles, et plusieurs impacts de balles étaient visibles à l’entrée de l’institution électorale, suivant les premiers constats fais par des journalistes.
Un net ralentissement des activités a été immédiatement enregistré sur toute la route de Delmas : les riverains se sont vite empressés de se mettre à couvert, beaucoup d’entreprises ont dû rapidement baisser leurs rideaux, tandis que les véhicules de transport public sont devenus rares.
Pradel dit s’attendre à des actions énergiques de la part du gouvernement de transition pour favoriser la mise en œuvre des opérations électorales, dont le processus d’inscription des électrices et électeurs doit démarrer incessamment.
Cependant, le conseiller électoral a déploré l’absence de dispositions visibles spéciales de sécurité, prises par les autorités nationales de concert avec les membres de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour garantir la sécurité du personnel et protéger le local de l’institution, devant laquelle une grenade à fragmentation a été lancée dans la matinée du vendredi saint 25 mars 2005.
Environ une heure après l’attaque contre le siège du CEP en milieu de journée du 29 mars, des patrouilles policières, supportées par des blindés de la MINUSTAH, ont été remarquées sur la route de Delmas, non loin de l’institution électorale.
En début d’après-midi, des militaires de la MINUSTAH tenaient une réunion au sommet avec les conseillers électoraux au quartier général du CEP, vraisemblablement au sujet de la logistique de sécurité à mettre en place pour prévenir d’autres types d’événements similaires à ceux enregistrés ces jours-ci contre l’organisme électoral.
Les cas d’insécurité ont sérieusement augmenté pendant les 4 derniers jours dans la capitale haïtienne, avec notamment l’assassinat d’au moins 2 policiers et un chauffeur, préposés à la sécurité rapprochée du directeur général de l’Autorité Portuaire Nationale (APN) dans la matinée du 28 mars, dont les cadavres ont été brûlés dans l’incendie mis par les bandits dans le véhicule public où ils se trouvaient.
Dans la soirée du 28 mars, un autre acte d’agression armée a été perpétré contre le maire principal de Carrefour, dont l’un de ses gardes du corps, un policier, a été blessé par balles. Dans la nuit du 27 au 28 mars, le sommeil des habitants de Delmas a été troublé par une répétition de tirs d’armes automatiques.
Un nombre indéterminé de citoyennes et citoyens ont été victimes de forfaits de bandits qui les ont rançonnés ou se sont emparés de véhicules dans lesquels ils se trouvaient.
Il y a deux semaines, un policier, faisant partie de la garde de sécurité du ministre de la Justice Bernard Gousse, a été tué par des bandits armés aux abords de la résidence du fonctionnaire à Delmas.
Cette situation de violence et de panique est enregistrée au 18 e anniversaire de la ratification de la Constitution nationale du 29 mars 1987, à quelques jours d’une réunion au sommet que doivent tenir à Port-au-Prince, vers la mi-avril 2005, les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies à Port-au-Prince et à quelques mois des élections générales prévues pour octobre, novembre et décembre de cette année.
Une semaine avant la reprise officielle des activités scolaires académiques, la plupart des habitants de la zone métropolitaine de la capitale haïtienne s’interrogent sur la recrudescence de ces actes de banditisme produits après l’évasion le 19 fevrier dernier d’environ 500 détenus de la prison civile de Port-au-Prince, dont seulement une cinquantaine ont été jusqu’à date ramenés dans leurs cellules.
Ces habitants se demandent ce que leur réservent les jours à venir, d’autant qu’il y a quelques semaines des groupes armés du Plateau Central, parlant sous le label d’anciens militaires démobilisés, annonçaient leur intention de se fondre parmi la population civile pour entreprendre une opération de guérilla contre les membres de la MINUSTAH qui avaient délogé leurs camarades, le 20 mars 2005, de deux endroits stratégiques à Petit-Goâve, à 68 kilomètres au sud de la capitale, et à Terre Rouge, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Port-au-Prince sur la route du Plateau Central.
Malgré la présence sur le terrain de militaires onusiens de la MINUSTAH, une bonne partie des quartiers populaires de la zone métropolitaine paraît échapper au contrôle des autorités depuis le déclenchement, le 30 septembre 2004, de l’opération dite « opération Bagdad » mise en branle par les partisans armés du régime déchu de l’ex-dictateur Jean-Bertrand Aristide, plus connus sous le nom de « chimères » ou de « rats ».
Entre-temps, les autorités judiciaires gardent un mutisme déconcertant sur les actions envisagées pour contrer les forfaits des bandits lourdement armés qui ne semblent nullement s’inquiéter de mesures de ripostes éventuelles.[rc apr 29/03/05 14 :00]