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Haiti : La police et la justice absentes à Gros-Morne, la population en colère

Données et photos soumises à AlterPresse le 26 mars par des riverains de Gros-Morne suite à une marche pacifique le 21 mars écoulé. Les associations de Gros-Morne ont annoncé que d’autres marches sont projetées cette semaine

Témoignage

Depuis environ six mois, la ville de Gros-Morne vit une situation irrégulière où la population est vouée à elle-même, parce que la police nationale et la justice y sont inexistantes.

Les conséquences : l’insécurité fait rage et le banditisme bat son plein dans cet arrondissement.

Des organisations et citoyens de la ville ont approché les autorités locales (vice délégué et maires) et discuté de la question. Ces responsables sont intervenus auprès des autorités départementales qui ont promis d’envoyer des policiers aussitôt leurs exigences respectées.

Ces exigences :

- D’abord la réparation du commissariat (nettoyage, peinture, installation électrique etc.) ce qui a été fait.

- Ensuite le remplacement des portes en bois par d’autres en fer, ce qui a été réalisé.

Quoique ces réalisations ne soient pas du tout de l’attribution de la population, elle veut briser toutes les barrières pour être sécurisée. Et comme dernière réponse, les responsables de la direction de la police de l’Artibonite ont déclaré qu’ils n’ont pas de policiers disponibles.

Entre temps les meurtres, les vengeances, les vols, les viols (...) se multiplient dans la ville et dans les sections communales. Alors, l’inquiétude de la société civile de Gros-Morne arrive à son comble et elle manifeste sa colère face aux autorités irresponsables.

En fin de compte, cette société civile décide de s’organiser pour planifier toute une série d’actions afin d’obliger les responsables à écouter la voix de la raison et les pousser à prendre leur responsabilité.

Dans cette perspective, des rencontres ont été organisées avec les responsables du transport en commun, des institutions commerciales, financières et religieuses dans la semaine du 14 au 18 mars 2005.

Leur première action a été la distribution, le vendredi 18, d’un texte pour annoncer la réalisation d’une marche pacifique et un blocage des activités le lundi 21 mars 2005 afin de réclamer la présence de la police nationale, le fonctionnement du tribunal de paix et le désarmement des groupes armés semant la terreur dans la ville de Gros - Morne. Ce texte a été remis aux autorités locales et à certains responsables de la MINUSTHA en réunion en ce jour à Gros-Morne ; il a été distribué à travers la ville et envoyé aux Gonaïves et à Port - de - Paix.

Cette mobilisation a eu une deuxième portée le samedi 19 mars où, avec Pick-Up (véhicule tout-terrain), mégaphone et quelques 20 jeunes, la société civile de Gros-Morne a appelé tous les gros-mornais à participer massivement à ce jour de grève et de manifestation pacifique.

En effet, dès l’aube du lundi 21 mars 05, les deux extrémités de la ville ont été bloquées par des barricades, ce qui a empêché la circulation et l’arrivée des véhicules venant des Gonaïves et de Port-de-Paix pendant toute la journée. Rien n’a pu fonctionner, le marché public, les institutions commerciales, financières, publiques et privées, tout était fermé et paralysé à 100%.

Aux environs de 9 heures AM, des centaines de manifestants, de toutes couches sociales (Grands et petits commerçants, enseignants, religieuses, professionnels, étrangers ’canadiens et américains’, pères et mères de famille, jeunes et vieux) étaient déjà rassemblés pour la marche qui a sillonné toute la ville d’une extrémité à l’autre, à travers toutes les rues et ruelles et qui a grossi pour atteindre plusieurs milliers de manifestants. Des messages et slogans ont été lancés à travers tout le parcours, plus particulièrement devant le commissariat abandonné depuis des mois, la vice délégation, la mairie et le tribunal de paix pour avertir les autorités qu’ils n’ont que quatre jours pour envoyer des policiers à Gros-Morne et faire fonctionner le tribunal de paix ; sinon la ville sera définitivement bloquée à partir du lundi 28 mars jusqu’à l’exécution des revendications de la société civile.

Entre temps le vice délégué et le maire principal qui participaient à la marche ont déclaré au cours de la manifestation qu’ils ont déjà fait tout ce qui était en leur pouvoir et toutes les démarches nécessaires auprès des autorité de tutelle pour résoudre ces problèmes et qu’ils ne comprennent pas leur silence et leur indifférence. Ils ont promis encore une fois de faire passer le message aux autorités compétentes dans 24 heures au plus.

Et aux environs de 2 heures 30, après plus de 5 heures de marche, la manifestation a pris fin au point de départ avec le message : "Rendez - vous sur le béton le lundi 28 mars 2005 pour bloquer définitivement la ville de Gros-Morne si les responsables ne réagissent pas, jusqu’au respect des revendications de la société civile gros-mornaise".