P-au-P, 21 sept. 2018 [AlterPresse] --- La conférence nationale prônée par divers secteurs de la vie nationale constitue un passage obligé pour amorcer un changement radical du système actuel, soulignent le Konbit travayè peyizan pou libere ayiti (Kontrapèpla) et le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod).
Un contre-pouvoir très puissant pourrait pousser l’Exécutif à convoquer cette conférence nationale, estime Jean William Jeanty de Kontrapèpla, invité à l’émission TiChèzBa, animée par Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedis 22 et dimanche 23 septembre 2018 sur la station AlterRadio 106.1 FM et alterradio.org (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Il appelle les secteurs concernés à construire un véritable rapport de force pouvant jouer un rôle déterminant dans l’aboutissement de cette conférence nationale.
Il faut, un ’’leadership collectif plus rassurant’’ avec des élites capables de construire un projet en commun, recommande-t-il.
Les émeutes des 6, 7 et 8 juillet 2018 contre une tentative de hausse des prix des produits pétroliers montrent qu’il n’y a pas d’Etat et que toutes les institutions ont failli, souligne-t-il.
Il déplore le fait qu’aucun signal du pouvoir n’exprime une compréhension de la crise, tout en exhortant à s’attendre au pire en cas de continuité au niveau du système étatique actuel.
Le nouveau gouvernement laisse entendre que les prochaines élections législatives pourraient permettre d’apporter une réponse aux besoins de la population, critique le parti Kontrapèpla.
Jean Henry Céant investi et installé le lundi 17 septembre, dans ses fonctions de premier ministre a promis de mettre en place de nouvelles stratégies pour améliorer les conditions de vie de la population.
Sa déclaration de politique générale a bénéficié d’un vote largement favorable au parlement, à l’issue de deux longues séances, les vendredi 14 et dimanche 16 septembre 2018.
Un mouvement populaire contre la tentative de hausse des prix des produits pétroliers a contraint à la démission, le samedi 14 juillet 2018, le chef du gouvernement Jack Guy Lafontant qui a été remplacé, le lundi 6 août 2018, par Céant.
Approche superficielle de la crise
Invité également à TiChèzBa, Dunois Erick Cantave, du Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod) pense que la crise politique issue des derniers événements a été adressée, de manière superficielle, par l’équipe gouvernementale.
Celle-ci aurait dû profiter des émeutes comme une opportunité afin d’adresser les causes profondes du problème, entre autres la misère et le chômage, analyse-t-il, craignant un rebondissement de la crise.
La déclaration de politique générale du premier ministre ratifié Jean Henry Céant, qui constitue un « ramassis de vœux pieux » ne montre pas les voies et moyens pour résoudre la crise, fustige-t-il.
Il manquerait à Céant la capacité nécessaire pour prendre ce dossier en main, afin d’arriver à une amélioration des conditions de vie de la population, argue le Mopod.
Un changement allant dans le sens de l’intérêt national et non individuel s’impose, sinon on risque de s’engouffrer dans la crise et la misère, prévient-il.
Cantave plaide en faveur d’un leadership éclairé et moderne adapté à la réalité. Il souligne la nécessité d’avoir une autre offre politique dans le pays.
Quid du dossier PetroCaribe
Une frustration est en train de s’exprimer très clairement à travers le mouvement citoyen #PetroCaribeChallenge, qui utilise les réseaux sociaux pour la mobilisation contre la dilapidation des 3,8 milliards de dollars américains des fonds PetroCaribe, applaudit le Mopod.
Ce réveil citoyen, qui vient à point nommé, ne doit pas placer le volontarisme au-dessus de l’intelligence, suggère Cantave, pour qui cette dynamique doit permettre de s’attaquer aux grands dossiers fondamentaux, comme la corruption au sens large.
« Sans une orientation politique, la mobilisation peut s’effriter comme un feu de paille. Sans paternalisme, nous avons pour devoir d’essayer d’orienter la jeunesse dans ce mouvement pour que ce dernier puisse porter fruit ».
Lancé, le 14 août 2018, sur les réseaux sociaux, la mobilisation s’est intensifiée à travers les rues, en Haïti et au niveau de la diaspora haïtienne, suite à la réalisation d’expositions et de sit-in, pour demander des comptes sur le dossier PetroCaribe. [emb gp apr 21/09/2018 16 :25]