P-au-P, 07 sept. 2018 [AlterPresse] --- L’économiste Eddy Labossière encourage la tenue d’un procès « en bonne et due forme », concernant la dilapidation présumée des fonds PetroCaribe, dans laquelle sont soupçonnés d’implication plusieurs hauts fonctionnaires du pays.
Il faut préparer un bon dossier pour que des sanctions soient prises contre les personnes jugées coupables dans ce dossier, recommande Labossière, invité à l’émission TiChèzBa, animée par Gotson Pierre, et prévue pour être diffusée les samedis 8 et dimanche 9 septembre 2018 sur la station AlterRadio 106.1 FM et alterradio.org (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Avant de se présenter devant les juges et tribunaux avec un dossier pareil, on doit d’abord s’atteler à remonter la trace des dépenses, sinon l’affaire est foutue, prévient-il.
Ceci éviterait que la tenue du procès PetroCaribe ne débouche sur la libération des principales personnes impliquées dans la mauvaise gestion de ces fonds.
En ce sens, Labossière appelle la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Csc/ca) à enlever du dossier la dimension politique.
Il convient, selon lui, de distinguer au départ les rôles et le niveau de responsabilité des comptables de fait, ordonnateurs et comptables publics concernés par cette affaire de dilapidation de plus de 3 milliards de dollars américains.
Trop d’émotion entoure le dossier PetroCaribe
Ce dossier qui pourrait être un point de départ dans la lutte contre la corruption, doit également être adressé avec moins d’émotion, estime l’économiste..
Il encourage à porter le dossier PetroCaribe par devant l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref) et l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) ainsi que le Groupe d’action financière (Gafi) pour retracer les fonds en question.
L’inspection générale des finances, sous tutelle du Ministère des finances, devrait se prononcer sur le dossier, parce qu’elle s’occupe aussi des comptes du trésor public, fait-il remarquer, tout en appelant à un approfondissement du dossier PetroCaribe.
« C’est une bonne chose que la Nation commence à demander des comptes ».
Les 14% des allocations budgétaires, allouées à la dette extérieure liée au programme PetroCaribe, constituent un crime, à cause du déficit budgétaire qu’elles entrainent, déplore l’économiste.
Il exhorte la Cour supérieure des comptes à refaire les audits, déjà réalisés en rapport à la mauvaise gestion de l’argent de PetroCaribe, puis à transmettre les résultats de son rapport à l’Ucref et l’Ulcc, pour que ces dernières puissent aider à retracer les transactions financières au niveau des banques.
Les élites intellectuelles doivent guider les citoyennes et citoyens, qui sont en train de demander des comptes, invite-t-il, soulignant combien Haïti a une tradition de corruption.
En plus de PetroCaribe, durant les dix dernières années, les pertes au niveau des comptes du trésor public pourraient être évaluées à plus de 4 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 71.00 gourdes ; 1euro = 87.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui).
Deux rapports au parlement ont indexé plusieurs hauts fonctionnaires dans la dilapidation des fonds du programme PetroCaribe, dont le dossier est à l’étude au niveau de la Csc/Ca pour approfondissement.
Depuis plusieurs semaines, un mouvement citoyen #PetroCaribeChallenge, débuté sur la toile, s’est intensifié, dans les rues de Port-au-Prince, des villes de provinces et dans la diaspora haïtienne, pour demander de faire la lumière sur le dossier. [emb gp apr 08/09/2018 17:45]