P-au-P, 30 août 2018 [AlterPresse] --- Le Comité national de lutte contre la traite des personnes (Cnltp) alerte sur un ensemble de dérives, observées, ces derniers temps, au sein du secteur religieux en Haïti.
Ces manifestations, liées à des cas de traite des personnes, d’abus sexuels et de maltraitance, tendent à se répéter trop souvent, condamne le Cnltp, dans une correspondance, en date du 29 août 2018, adressée à l’Office de la protection du citoyen (Opc) et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Des individus, opérant au nom de certaines missions évangéliques et de groupes religieux, seraient impliqués dans plusieurs de ces cas, qui concernent principalement des mineurs placés en orphelinat.
Une vidéo, circulant, en ce moment, sur les réseaux sociaux, montre un homme (un certain pasteur berger qui prétend être prophète) en train de maltraiter une petite fille en toute quiétude, rapporte le Cnltp, dans la lettre à l’Opc, signée par son président, le sociologue Fils-Lien Ely Thélot.
Des pratiques dégradantes à l’encontre des femmes, dans plusieurs assemblées religieuses du pays, portent atteinte à la dignité et aux droits de la personne.
De telles pratiques, indexées par plusieurs voix dans la société haïtienne, risquent de contribuer à une banalisation de la traite, au travers de toutes les formes qu’elle pourrait adopter, estime le Cnltp.
Le Comité national de lutte contre la traite des personnes exhorte l’Opc à intervenir, en vue d’une meilleure protection des droits des pratiquantes et des pratiquants de la foi sur l’ensemble du territoire national en Haïti.
« Le secteur religieux est vital pour le maintien de la cohésion du tissu social. Il serait regrettable que les dérives, orchestrées par certains, en viennent à éroder la confiance de la communauté dans toutes les institutions religieuses ».
Le Comité national de lutte contre la traite des personnes encourage l’Opc à entreprendre un dialogue, avec les représentantes et représentants du secteur religeiux, afin d’éviter que le pire se produise en Haïti.
« Pire que les scandales financiers, pire que les nuisances sonores, le phénomène de la traite des personnes et de la maltraitance des enfants risque de produire une onde de choc dans le secteur religieux haïtien », souligne l’organisme.
En l’année 2017, le pasteur Amel Lafleur et l’évêque Michaël Jean Lissaint de l’Eglise de Dieu indépendante de la porte étroite, à Delmas 19, ont été accusés de séquestration et de détournement d’une mineure, suivis d’agressions sexuelles.
L’adolescente a été placée, chez le pasteur, par ses parents, qui la soupçonnaient d’être « possédée ».
« Le pasteur a eu plusieurs rapports sexuels avec moi et a enlevé ma virginité. Ensuite, il m’a conduite chez l’évêque Michaël Jean Lissaint, qui, lui-même, a eu des rapports sexuels avec moi trois fois, pendant les 7 mois passés dans sa maison », avait témoigné la mineure.
L’affaire a été renvoyée au tribunal criminel siégeant sans assistance de jury, suite à une ordonnance du juge d’instruction en charge de l’affaire, Jeudilien Fanfan.
Les accusés avaient rejeté l’accusation de la mineure dans le cadre de ce dossier, sur lequel pèse un silence à date (août 2018) et dont le suivi judiciaire n’est pas connu. [emb rc apr 30/08/2018 15:10]