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Port-au-Prince, capitale mondiale de la francophonie

P-au-P., 21 mars 05 [AlterPresse] --- Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie Abdou Diouf a assisté dans la soirée du 20 mars, à Port-au-Prince, au clou des manifestations officielles entourant la journée internationale de la francophonie. L’ancien président Sénégalais dit avoir ressenti une grande émotion en foulant le sol d’Haïti qui est une terre de liberté.

« Haïti a beaucoup donné à la francophonie et à la négritude. Elle a besoin de la solidarité de la francophonie pour raviver la flamme de sa culture, renouer avec la paix, le progrès et la stabilité ».

Le secrétaire général de l’OIF s’exprimait ainsi alors qu’il assistait à un spectacle animé par les finalistes d’un concours de contes et de chansons francophones, sur la place des héros de l’indépendance, à quelques mètres du Palais présidentiel.

« Dans vos moments d’incertitude, la francophonie est à vos côtés. Nous prenons l’engagement de ne jamais vous laisser seul », a renchéri Abdou Diouf.

Cette célébration est l’occasion de rappeler à la population haïtienne que Haïti a existé, a défendu des valeurs universelles et continue à le faire, a déclaré pour sa part le Premier ministre haïtien.

Gérard Latortue faisait notamment référence aux démarches menées par Haïti au lendemain de la seconde guerre mondiale pour que le français devienne une langue de travail de l’ONU. C’est également à la demande d’Haïti que le français a été reconnu comme une des langues officielles de l’Organisation des Etats américains (OEA).

Le ministre canadien de la francophonie a pour sa part fait savoir que la francophonie a besoin d’Haïti. « La francophonie peut faire des pas de géant. Mais cela ne rime à rien si ses membres ne font pas dans le même temps des pas de géant », a ajouté M. Sadah. Nous devons mener ensemble la lutte devant concourir à notre progrès collectif, a renchéri le ministre canadien.

Deux personnalités ont été honorées par le gouvernement de transition à l’occasion de la journée internationale de la francophonie pour leur contribution à la formation de la jeunesse haïtienne et l’épanouissement de la langue française.

Il s’agit tout d’abord de l’ancien ministre canadien de l’éducation Paul Gérin Lajoie qui fréquente Haïti depuis bientôt trente-deux ans. Le récipiendaire, dont les actions de la Fondation portant son nom sont bien connues en Haïti et dans plusieurs autres parties du monde, a souhaité un décollage éducatif en Haïti. « Un décollage éducatif est le meilleur investissement que l’on puisse faire pour n’importe quel pays », a indiqué Monsieur Lajoie, estimant qu’aucun jeune ne devrait se retrouver dans une situation de misère éducative et sociale.

L’autre personnalité à recevoir du gouvernement une plaque Honneur et Mérite est le doyen de la Faculté de linguistique appliquée, un des pionniers de la célébration de la francophonie en Haïti. Le professeur Pierre Vernet a laissé entendre que l’hommage qui lui est rendu n’aura de sens que si, à partir d’aujourd’hui, l’Université aura une meilleure considération du système, si l’éducation, l’un des moteurs du développement ne sera plus traitée en parent pauvre par le gouvernement et les bailleurs de fonds. Pierre Vernet veut également espérer que cette marque d’honneur à son endroit va se concrétiser en terme de moyen travail adéquat au profit des professeurs.

La ministre de la culture et de la communication, qui faisait office de maître de cérémonie, a émis le vœu que l’institution du français pénètre tous les lieux d’expression artistique et littéraire. « L’accès à la culture ne doit plus être réservé à une élite. L’art peut descendre dans la rue d’où il est parfois sorti », a martelé Magalie Comeau Denis.

Concernant l’aspect festif de cette journée de la francophonie, le folklore haïtien brillait dans toute sa splendeur au Kiosque Occide Jeanty. On signalera entre autres l’excellente prestation de l’artiste bien connu Jean Coulanges qui était accompagné, dans ses tours de chants, par le guitariste du Groupe Strings Jacky Ambroise. Jean Coulange, qui est également anthropologue, dirige actuellement le Bureau national de coopération avec l’UNESCO. Plusieurs autres temps forts sont également à noter comme des chorégraphies exécutées avec brio par la troupe ARTCHO dont la réputation n’est plus à faire.

Depuis le lancement officiel de la quinzaine de la francophonie le 10 mars dernier, plusieurs sites de la capitale haïtienne ont hébergé une quarantaine de spectacles empreints d’une rare richesse et d’une étonnante diversité. Plusieurs artistes haïtiens et de nombreux artistes venus d’ailleurs ont été mis à contribution à cet effet.

La ministre de la culture et de la communication Magalie Comeau Denis a présenté la réalisation de la fête de la francophonie comme un pari réussi pour Port-au-Prince qui s’est ainsi transformé en capitale mondiale de la francophonie. [vs apr 21/03/05 10 : 15]