P-au-P, 16 août 2018 [AlterPresse] --- A moins de quinze jours d’un nouveau délai, fixé, en juillet 2017, pour les migrantes et migrants haïtiens inscrits au Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), la Commission de concertation haïtiano-dominicaine (Cchd) [1] demande au gouvernement dominicain de reconsidérer cette échéance du dimanche 26 août 2018, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Des rapatriements et déportations pourraient avoir lieu, à partir du 26 août 2018, si les autorités binationales ne trouvent pas un consensus sur le statut des migrantes et migrants.
La responsable de communication à la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr), Géralda Sainvil, a alerté sur cette éventualité de rapatriements et de déportations, lors d’une conférence de presse, ce jeudi 16 août 2018, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
La plateforme Garr souhaite un dialogue binational « serein et profond » sur la question, afin d’éviter d’éventuels rapatriements massifs vers le territoire d’Haïti.
La Commission de concertation haïtiano-dominicaine a déjà adressé une note conjointe aux deux États à ce sujet, à l’issue d’une assemblée ordinaire tenue en Haïti, les mardi 7 et mercredi 8 août 2018.
La plateforme Garr souligne une profonde déficience de l’État haïtien à fournir, aux migrantes et migrants, les documents nécessaires, qui leur permetteraient de régulariser leur situation durant le processus du Pnre, lancé depuis juin 2014.
Elle évoque aussi des défaillances, en termes de communication et de sensibilisation, auprès des intéressés dans le cadre de ce programme.
La Cchd appelle à un strict respect des traités internationaux, signés par les deux pays qui partagent l’ile d’Haïti, et accords bilatéraux, qui réglementent la question des rapatriements et expulsions.
Elle recommande aux autorités binationales de conjuguer leurs efforts, pour relancer la commission bilatérale ainsiq que d’établir un dialogue franc et productif sur la question migratoire.
Elle espère l’ouverture de cet espace de dialogue, auquel devraient participer, de manière formelle, les organisations sociales des deux pays travaillant dans le domaine de la migration.
Des milliers de Dominicaines et de Dominicains d’ascendance étrangère sont devenus des apatrides, suite à l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle dominicaine, adopté à leur encontre, le 28 septembre 2013.
Sur 206,062 étrangères et étrangers, inscrits, au total, dans le programme du Pnre, 196,124 ressortissants haïtiens ont été acceptés.
Parmi eux, certains ont eu des cartes de non-résidence, alors que d’autres ont été écartés du processus, suivant une enquête nationale sur la migration, publiée en 2018, rappelle la plateforme Garr.
En ce mois d’août 2018, des milliers de ressortissantes et ressortissants haïtiens seraient sous menace d’expulsion en territoire dominicain. [fb emb rc apr 16/08/2018 15:45]
[1] Ndlr : La Commission de concertation haitiano-dominicaine (Cchd) regroupe la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), la Fondation zile-Haïti (Fz), l’Observatoire de recherche sur les rapports élites populaires et les migrations (Orrem), le Réseau frontalier Jeannot Succès (Rfjs), Sant pon Ayiti (Spa), le Service jésuite aux migrants-Solidarite fwontalye Haïti (Sjm-Sfw-Haiti), les organisations Movimiento de mujeres dominico haitianas (Mudha), Movimiento socio cultural para los trabajadores haitianos (Mosctha), Centro de observacion migratoria y el desarrollo social en el Caribe (Obmica), Centro de desarrollo social (Cedeso) et Centro cultural dominico haitiano (Cdch).