P-au-P, 14 août 2018 [AlterPresse] --- L’obtention légale du quota de 30 % des femmes, dans la fonction publique haitienne, a été une petite victoire pour la lutte féministe en Haiti. Cependant, si elles sont représentées, les femmes peinent encore à s’intégrer et à participer remarquablement dans les prises de décision, relève l’agence en ligne AlterPresse.
En son article 17-1, la version dite amendée de la Constitution de 1987 exige le principe d’un quota de 30% de femmes, à tous les postes de décision.
Une opportunité alléchante qui s’offrirait, depuis l’année 2012, date de la promulgation de cet amendement, à la gente féminine pour être présente à tous les niveaux de la fonction publique haitienne.
Mais, les femmes sont-elles parvenues à s’imposer dans les différentes sphères, notamment la scène politique ? Celles qui ont su oser, brillent-elles par leur absence ou leur inefficacité ?
Pour désigner le remplaçant de l’ex-premier ministre Jack Guy Lafontant, le président Jovenel Moise a consulté différents secteurs du pays. Les féministes espèrent que le principe du quota de 30 % sera respecté dans la formation du gouvernement. Mais la question fondamentale, c’est comment les femmes seront représentées au sein du cabinet ministériel.
« Le gouvernement en soi ne tient pas compte du principe de quota dans quoi que ce soit. Presque tous les postes de décision sont occupés par les hommes. Pour la désignation du nouveau premier ministre, tous les secteurs du pays ont été consultés, sauf le secteur des femmes. Pourtant nous représentons 52 % de la population », déplore la directrice exécutive de Refuge des Femmes, Novia Augustin, à l’émission Espas fanm sur AlterRadio (diffusion jeudi 3:00 am, 7:00 am, 11:00 am, 3:00 pm, 7:00 pm, 11:00 pm ; samedi 2:00 pm, 6:00 pm).
En 2012 et en 2013, sous l’administration Martelly-Lamothe, la représentativité des femmes au sein des institutions publiques a été initiée.
Certains craignent aujourd’hui que ce ne soit pas l’aspect quantitatif, qui sera privilegié, au détriment de la participation et de l’intégration réelle des femmes.
« Il existe un déséquilibre au sein de toute la société haïtienne. Les femmes sont mises au second plan, comme si elles n’avaient aucun rôle important à jouer », déclare Evelyne Sylvain, qui milite pour le respect des droits des femmes, à l’émission Espas fanm sur AlterRadio.
« Considérant l’état macabre du système politique haïtien, les femmes du pays ne manifesteront pas de l’intérêt pour ce milieu. Le niveau de corruption est trop élevé, sur la scène politique, pour qu’elles décident de se lancer », poursuit-elle.
Bien que les organisations féministes s’engagent à fond, dans la lutte pour l’intégration des femmes, dans les différents secteurs du pays, elles sont conscientes du fait que leur tâche est rude et que les résultats tant espérés relèvent d’une quête quotidienne et d’une lutte permanente.
« Nous nous engageons dans une lutte pour le partage du pouvoir, de privilèges et d’espaces de décision. Cette quête ne va pas aboutir de manière abracadabrante », selon Pascale Solage, féministe, coordonnatrice générale du festival Nègès mawon.
La lutte pour le respect des droits des femmes ne devrait pas être uniquement du ressort des organisations féministes. Elle devrait être la cause de toutes celles et de tous ceux, qui préconisent une société juste et égalitaire. [dj jf vs 14/08/2018 17:25]