P-au-P, 3 août 2018 [AlterPresse] --- Le secrétaire général de la Fusion des sociaux-démocrates haïtiens (Fusion), Rosemond Pradel, prône la rupture d’avec les pratiques passées et plaide en faveur d’une conciliation des intérêts de groupes comme issue à la crise.
La seule capacité de pouvoir rassembler les gens ne peut aider à résoudre les problèmes actuels qui s’enracinent dans un jeu d’intérêts dans la société, souligne Pradel, invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 4 et dimanche 5 août 2018 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7hAM, 3hPM ; dimanche : 7hAM, 1hPM, 5hPM).
« Toute société humaine repose sur des contradictions, des intérêts de groupes et des rapports de force. Si on n’arrive pas à concilier les intérêts de groupes, on ne peut créer l’harmonisation » dans la société, explique-t-il.
Il revient aux pouvoirs d’Etat d’encourager les secteurs économiques à mener des politiques prenant en compte les besoins de la majorité de la population, avance la Fusion.
Elle pointe du doigt les élites économiques et intellectuelles dans l’aggravation des inégalités sociales dans la société haïtienne.
Le président Jovenel Moïse devrait transformer les événements violents des 6 et 7 juillet en opportunités, estime Pradel, soulignant combien la population est fragilisée par la misère et rongée par la frustration.
Lors d’une rencontre, « Nous avons fait savoir au président que le pays traverse une crise systémique qui existe depuis longtemps. (…) La première démarche pour la résoudre ne consiste pas à choisir un premier ministre, mais à effectuer une concertation entre les secteurs », fait-il savoir.
Entamer des discussions pour se mettre d’accord sur une sortie de crise, définir comment on va le faire, signer un pacte d’engagement avec tous les secteurs y compris l’Exécutif avant de mettre en place un gouvernement devront faire partie des étapes à franchir, propose-t-il.
La « rupture »
Haïti a besoin d’une rupture en profondeur d’avec les pratiques du système en place, soutient la Fusion, appelant les Haïtiennes et Haïtiens à sacrifier les intérêts personnels au profit de ceux de la collectivité.
Le processus des États généraux sectoriels mis en œuvre par le président ne donnera pas de résultats concrets parce qu’il ne prend pas en considération un engagement des secteurs consultés et une nouvelle orientation politique, critique Pradel, appelant à la mise en place d’un projet national.
Certains secteurs de la vie nationale ont exprimé leurs vives inquiétudes face à la mise en place du comité de pilotage des états généraux sectoriels, le 28 mars 2018.
Ce comité a pour objectif de produire « un pacte pour la stabilité et le progrès économique et social » à soumettre d’ici six mois à l’Exécutif.
Entre-temps, plusieurs secteurs de la vie nationale continuent d’exiger la démission du chef de l’Etat, après les émeutes survenues les 6 et 7 juillet dernier, peu de temps après une tentative d’augmentation des prix des produits pétroliers.
Le premier ministre Jack Guy Lafontant a été même contraint de remettre sa démission, en dépit du retrait de la mesure.
Le nom du prochain premier ministre sera connu d’ici la fin de cette semaine, a annoncé le chef de l’Etat, le mardi 31 juillet 2018, lors d’une visite de courtoisie à la direction générale de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Divers secteurs de la vie nationale, dont le parlement, avaient appelé l’Exécutif à « accélérer le processus de désignation d’un premier ministre et de mise en place d’un gouvernement ».
Plusieurs autres organisations socio-politiques réclament également la démission du président ainsi que la dissolution du parlement éclaboussé, ces derniers temps, par des scandales de corruption. [emb gp apr 03/08/2018 14 :30]