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Haïti-Genre : Les femmes percussionnistes, entre talent et manque de reconnaissance

Par Daphnine Joseph

P-au-P, 1er août 2018 [AlterPresse] ---- Les femmes percussionnistes haïtiennes sont nombreuses à contribuer à l’épanouissement de la musique traditionnelle du pays, à travers le jeu du tambour dans les Lakou comme dans les groupes Racine et Rara. Pourtant, la grande majorité d’entre elles demeurent inconnues.

Tambour battant, les femmes se convertissent en percussionnistes dans les diverses zones du pays. Victimes des mirages, dressés face à la gente féminine, elles sont pour la plupart noyées et coincées dans l’anonymat, dans une société à forte dominance patriarcale.

« Je reproche au ministère de la culture de ne pas faire son travail. Certaines d’entre nous vieillissent et ne bénéficient d’aucune reconnaissance. On ne nous honore jamais », déplore Mireille Stephen Marcelin, percussionniste et membre du groupe Sosyete Bazilo Djakata, à l’émission Espas Fanm sur AlterRadio (diffusion jeudi 3:00 am, 7:00 am, 11:00 am, 3:00 pm, 7:00 pm, 11:00 pm ; samedi 2:00 pm, 6:00 pm) .

Parfois, les gens apprécient énormément de voir une femme, qui joue parfaitement le tambour, étant donné qu’une telle situation ne se présente pas au quotidien. Mais certaines fois, les discours sexistes tendent à décourager ces femmes, déterminées à contribuer à la musique traditionnelle haïtienne, à travers cet instrument, le tambour, qui charrie un très fort symbolisme.

« J’ai rencontré beaucoup de difficultés, dans mon parcours, en tant que percussionniste. D’un côté, certains trouvent merveilleux qu’une femme joue du tambour aussi bien qu’un homme. D’un autre côté, d’autres vous critiquent d’avoir osé toucher à cet instrument et parfois même prétendent que vos hormones sont masculines », témoigne Syllona Gyna du groupe Vodoula.

Selon Raymond Noel, alias Welele Doubout, l’histoire des femmes percussionnistes ne date pas d’hier. Plaisimé Pretha serait la première de la gente féminine à avoir fait frémir les rues de Port-au-Prince du son de son tambour, au milieu des années 1980 (1986-1987).

Même au sein des Lakou Soukri et Souvnans, il y a des femmes talentueuses, jouant du tambour, renchérit-il.

Les femmes ne devraient être limitées à aucun instrument, ou n’importe quelle pratique, encore moins si elles font preuve de talent ou de compétence remarquable. [dj jf 01/08/2018 12:30]