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Histoire : Un tribunal populaire symbolique pour reconstruire la mémoire collective en Haïti

P-au-P, 27 juil. 2018 [AlterPresse] --- Les organisations, membres du « tribunal populaire symbolique », ont tenu, à Port-au-Prince, ce vendredi 27 juillet 2018, une assemblée des délégués, en vue de restituer toutes les atrocités commises durant l’occupation américaine d’Haïti (28 juillet 1915 - 21 août 1934), a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Cette reconstruction vise à rompre avec l’hégémonie impérialiste, soutient l’économiste Camille Chalmers, membre du comité de pilotage du tribunal populaire symbolique, lors de l’activité organisée, en prélude au 103e anniversaire du débarquement des forces armées américaines sur le sol haïtien, le 28 juillet 1915.

Les saisines du tribunal populaire symbolique vont avoir lieu en Haïti, avant la fin de l’année 2018, afin d’ouvrir le procès symbolique de l’occupation et de la domination des États-Unis d’Amérique et de leurs alliés.

En plus de la présentation des dossiers scientifiques, des témoins, choisis par les comités départementauxk, auront à témoigner lors de ces saisines, rappelle Chalmers.

Ayant débarqué le 28 juillet 1915, en Haïti, les militaires américains ont laissé officiellement le pays le 21 août 1934, après 19 ans d’occupation.

Ils ont, de nouveau, foulé le sol d’Haïti, en septembre 1994, en vue d’accompagner le retour du président Jean-Bertrand Aristide, après un exil de 3 ans, suite au sanglant coup d´État militaire du 30 septembre 1991.

On a assisté, en 2004, au déploiement, sur le territoire national, de la Mission des nations unies de stabilisation en Haïti (Minustah), qui a passé 13 ans dans le pays.

Ayant vu le jour, en 2015, pour marquer le centenaire de l’occupation américaine d’Haïti, le tribunal populaire symbolique, espace public, consiste à faire une restitution de toutes les atrocités, qu’a vécues le peuple haïtien, à cause de l’implication et de l’intervention de l’impérialisme dans le pays, fait savoir Chalmers.

La domination étrangère, qui continue, jusqu’à date (juillet 2018), dans le pays, a entraîné la destruction du patrimoine culturel et environnemental, des pillages économiques et financiers.

Le tribunal populaire symbolique participe à une reconstruction de la mémoire des résistances de la population, surtout des paysannes et paysans, fait valoir Chalmers.

Les discussions, entamées au cours de ce processus, seront appuyées sur des données scientifiques et sur des faits authentiques, informe-t-il.

Les paysannes et paysans étaient les principales victimes de l’occupation, rappelle Dérinx Petit-Jean, membre du comité de pilotage du tribunal populaire symbolique.

« Nous avons suffisamment de compétences pour décider de notre vie, en tant que nation, et déterminer notre propre projet de société, notre propre modèle politico-économique », soutient Petit-Jean.

Il a aussi souligné les efforts, consentis par les mouvements de résistance, comme les Cacos (Ndlr : corps révolutionnaire d’hommes armés, ayant été constitués, après le débarquement des marines américains, le 28 juillet 1915, justement pour lutter contre l’occupation étasunienne) [1] et les Piquets (mouvement de paysans armés, ayant pris naissance sous le gouvernement de Charles Rivière Hérard / avril 1843 - mai 1844) ou paysans armés de piques (Le mouvement des piquets a commencé en avril 1843, sous la direction de Jean-Jacques Acaau dans le Sud. C’était également une lutte armée, menée encore une fois par la classe paysanne. Et, l’armée insurrectionnelle porte un nom significatif eu égard aux revendications paysannes : l’Armée souffrante. Ce nom traduisait la souffrance des paysans et paysannes à la domination/exploitation de l’oligarchie. Acaau s’est suicidé le 11 mars 1846. Source : www.icklhaiti.org/article.php3?id_article=188]], pour lutter contre l’occupation américaine d’Haïti. [fb emb rc apr 27/07/2018 16:50]


[1En 1918, des routes sont construites sous le système de la corvée. La réaction populaire est violente. À la fin de l’année, le pays est en état d’insurrection. Les paysans armés, surnommés « cacos », sont jusqu’à 40,000. Leurs chefs les plus connus sont Charlemagne Péralte (né le 18 octobre 1885 à Hinche) et Benoît Batraville (Surnommé Ti Benwa, Benoît Batraville fut descendant de Joseph Benoît Batraville, compagnon d’armes de Jean-Jacques Dessalines. Né à Mirebalais en 1877, Benoît Batraville, lieutenant de Péralte, va reprendre le flambeau de la lutte, après l’assassinat de Charlemagne Péralte. Le 2 décembre 1919, un congrès organisé par les forces rebelles révolutionnaires désigne Benoît Batraville commandant des forces Cacos en remplacement de Péralte.

Quelques mois plus tard, trahi à son tour, il est arrêté par les soldats américains et exécuté sommairement par eux le 20 mai 1920) qui attaquent la capitale, Port-au-Prince, en octobre 1919. Charlemagne Péralte entreprend le harcèlement des forces américaines. Avec un armement, limité à quelques vieux fusils et des machettes, les Cacos opposent une telle résistance que les effectifs des marines sont augmentés, et les États-Unis en viennent à utiliser leur aviation pour contrôler le territoire et mater la guérilla.

Après deux ans de combats, fort du soutien de la population, Charlemagne Péralte proclame un gouvernement provisoire dans le Nord d’Haïti, en 1919.

Charlemagne Péralte est trahi et tué par les Américains le 1er novembre 1919. // Source wikipedia