P-au-P, 28 juil. 2018 [AlterPresse] --- L’économiste et politologue Joseph Harold Pierre recommande de choisir un premier ministre « techniquement compétent » et faisant preuve d’une certaine capacité à dialoguer avec tous les secteurs de la vie nationale.
Le futur chef du gouvernement doit aussi être issu nécessairement de la matrice de la société civile, en vue de sortir le pays de l’impasse actuelle et permettre au président Jovenel Moïse de terminer son mandat, souhaite-t-il.
Le moment actuel est celui de la société civile, vu que les secteurs économiques et politiques sont décriés, fait remarquer le politologue, invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 28 et dimanche 29 juillet 2018 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7hAM, 3hPM ; dimanche : 7hAM, 1hPM, 5hPM).
D’autre part, tout départ précipité du chef de l’Etat débouchera sur la mise en place d’un gouvernement de transition qui risquerait d’entrainer les mêmes conséquences économiques enregistrées lors des émeutes, les 6 et 7 juillet 2018, met-il en garde.
Pierre appelle, de préférence, les différents secteurs de l’opposition qui réclament la démission du président, à continuer d’effectuer leur travail de vigie, au lieu de se mobiliser pour exiger son départ.
L’éclatement social et l’atomisation des positions rendent difficiles le dialogue en Haïti, reconnait-il.
L’annonce de l’augmentation, entre 38 et 51%, des prix des produits pétroliers sur le marché national a provoqué des émeutes notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ayant conduit à la démission du chef du gouvernement, Jack Guy Lafontant, depuis le samedi 14 juillet 2018.
Les violentes manifestations qui ont paralysé la capitale ont contraint le gouvernement à annoncer le retrait de cette mesure, rendue publique la veille (le vendredi 6 juillet 2018).
Ces événements quoique malheureux pourraient contribuer à une nouvelle orientation de la politique haïtienne, analyse Joseph Harold Pierre, soulignant combien le contexte actuel ne se prête pas à un retrait de la subvention des prix des produits pétroliers.
Selon lui, des dispositions comme celles d’augmenter les fonds alloués à l’éducation, la santé et l’environnement sont à prendre en compte, avant de prendre une telle mesure.
L’économiste plaide en faveur d’une réduction du budget de l’exécutif et du parlement ainsi que du nombre des ministères.
Il estime que des signaux clairs traduisant une volonté manifeste de contribuer à un développement économique doivent également être envoyés aux citoyennes et citoyens, à travers une réorientation du budget.
De vives critiques sont, de plus en plus, exprimées contre le mode de gestion publique d’Haïti, notamment les largesses ou faveurs "indécentes", accordées aux parlementaires, aux membres du gouvernement et à d’autres autorités.
Un ensemble de mesures seraient envisagées au niveau du sénat en vue d’opérer des coupes substantielles au prochain budget (2018 - 2019) du parlement, dans le cadre d’un régime d’austérité volontairement accepté, parce que conforme à la situation économique et financière du pays, indique un communiqué du sénat.
Le contrat de location d’une maison, devant servir de résidence officielle au président du sénat, Joseph Lambert (parti politique Konbit nasyonal / Kona / Sud-Est, allié du Parti haïtien tèt kale (Phtk), a été résilié, suite à une disposition adoptée à l’unanimité, en conférence des présidents des commissions permanentes, le mardi 24 juillet 2018, à la chambre haute. [emb gp apr 27/07/2018 15 :10]