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Haïti-Politique : Mouvements revendicatifs, devant le Palais de justice, à P-au-P, pour la libération des personnes arrêtées lors des émeutes de début juillet 2018

P-au-P, 24 juil. 2018 [AlterPresse] --- Des organisations socio-politiques ont tenu, ce mardi 24 juillet 2018, un sit-in, devant les locaux du Palais de justice, à Port-au-Prince, pour exiger la libération sans condition des personnes arrêtées pour leur présumée implication dans les émeutes, les samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Présent au rassemblement, Me Lorenel Louis, du Bureau des organisations de défense des droits humains (Boddh), a qualifié d’illégales les arrestations de ces personnes par le commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam Daméus.

Le Bohdh appelle le parquet, près le tribunal civil de Port-au-Prince, à se ressaisir en libérant immédiatement ces personnes.

Plus d’une soixantaine d’arrestations ont été effectuées, après les événements violents, qui ont suivi l’annonce, le 6 juillet 2018, de l’augmentation, entre 38 et 51%, décidée par le gouvernement Jack Guy Lafontant, des prix des produits pétroliers, qui devait être effective, dès le samedi 7 juillet 2018, sur le territoire national.

Ces émeutes ont forcé le chef du gouvernement à annoncer, devant la chambre des députés, le samedi 14 juillet 2018, avoir remis sa démission, au président Jovenel Moïse, avant son intervention publique à la chambre basse.

Rassemblés, ce mardi 24 juillet 2018, devant le palais de justice, à Port-au-Prince, les protestataires, issus, pour la plupart, d’organisations diverses, ont lancé des propos hostiles à l’encontre des trois pouvoirs de l’État et du Fonds monétaire international (Fmi).

« À bas Ocnam, À bas Fmi, À bas Jovenel Moïse, À bas ce parlement anti-patriotique et corrompu ! Libération immédiate et sans condition des pauvres gens arrêtés ! Mille gourdes comme salaire minimum » sont parmi les messages véhiculés sur les pancartes, lors du rassemblement.

Une manifestante en larmes réclame la libération de son fils, arrêté, dit-elle, lors des émeutes, alors qu’il se rendait à une école, où il travaillait.

« Secours ! Secours ! Je n’en peux plus. Mon mari a été arrêté injustement, pendant qu’il sortait de travail. C’est lui qui nourrit la famille », crie une autre protestataire.

Les autorités s’acharnent à arrêter illégalement de pauvres gens, pendant que les personnes, impliquées dans la dilapidation des plus de trois milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 70.00 gourdes ; 1 euro= 85.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui) des fonds PetroCaribe, restent intouchables, critiquent les manifestantes et manifestants.

Par ailleurs, le coordonnateur de l’Union nationale des normaiennes et normaliens haïtiens (Unnoh), Josué Mérilien, souhaite la suspension des privilèges « indécents », accordés aux autorités, notamment aux parlementaires.

De fortes sommes d’argent sont octroyées au président, aux parlementaires et aux ministres, alors que le peuple patauge dans la misère, dénonce l’Unnoh.

Pendant que ces autorités profitent de privilèges indus, beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’éducation, ni à de la nourriture régulière. Un nombre important de professeurs, dans l’enseignement public, n’arrivent pas encore à recevoir leurs paiements de plusieurs mois d’arriérés de traitements de fonctionnaires.

L’Unnoh préconise l’ouverture d’une enquête sur les parlementaires, qui auraient bénéficié de largesses « indécentes ».

Trop de fonds sont alloués au parlement, au palais national et au bureau du premier ministre, critique, pour sa part, le coordonnateur de la Centrale nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), Dominique St Eloi.

La Cnoha projette la poursuite des mobilisations ouvrières pour continuer de réclamer mille gourdes comme salaire minimum journalier, dans la branche de la sous-traitance, ainsi que des accompagnements sociaux pertinents pour toutes les ouvrières et tous les ouvriers.

Une journée de grève générale est prévue pour le lundi 30 juillet 2018, rappellent les organisateurs du rassemblement du 24 juillet 2018, qui continuent d’exiger la démission de Jovenel Moïse, de la présidence, comme issue à la crise politique actuelle en Haïti. [fb emb rc apr 24/07/2018 16:00]