P-au-P., 23 juil. 2018 [AlterPresse] --- Quoiqu’elles commencent à s’intégrer dans le domaine de l’art numérique, les femmes photographes en Haïti se voient confronter à des problèmes, relatifs à leur condition de femme, dans l’exercice de leur profession, y compris des problèmes de monitoring, selon deux invitées à l’émission Espas Fanm sur AlterRadio, 106.1 [1].
Aujourd’hui, les femmes ne se font pas seulement photographier. Elles se placent aussi derrière les lentilles, pour déconstruire les clichés habituels, qui confinent les femmes dans des métiers qui leur seraient réservés.
Beaucoup de femmes ont commencé, depuis plusieurs années, à se servir de la photographie pour défendre une cause, pour faire de la militance ou tout simplement pour gagner leur vie.
« Chaque fois que j’ai l’occasion de réaliser une photo, je cherche toujours ce qui n’est pas montré, l’envers du décor », confie Edine Célestin, photojournaliste du Kolektif 2 dimansyon (K2D), dans une interview accordée à AlterPresse et AlterRadio.
Il n’y a que la passion, qui puisse animer celles et ceux qui se lancent dans ce domaine.
A défaut d’institution hautement qualifiée, pour former des professionnelles dans l’art numérique en Haïti, de rares écoles offrent aux femmes des sessions de formation continue sur la photographie, de plus en plus numérique.
En Haïti, la photographie et le domaine de l’art numérique, en général, sont très négligés par l’Etat. Il y a une carence de monitoring dans ce domaine. Celles et ceux, qui voudraient en faire une carrière professionnelle, sont, pour la plupart ,des autodidactes, relève la photographe professionnelle Séphora Monteau.
L’intégration des femmes dans la photographie fait également face à des propos sexistes et discriminatoires, notamment par rapport aux postures adoptées quand elles font leurs prises.
De tels commentaires désobligeants sont susceptibles de contrarier, au quotidien, même les femmes les plus persévérantes. Dans l’exercice de la profession de photographe, les compétences des femmes sont aussi mises en doute.
« Dans mon métier de photographe, les gens ont tendance à faire beaucoup plus de confiance aux hommes qu’aux femmes. Parfois, quand je fixe un prix pour mon travail, il n’est pas accepté. Par contre, quand un de mes collègues hommes est appelé pour le même boulot, on lui paie ce qu’il avait demandé et parfois légèrement plus cher. Car, il est un homme », regrette Edine Célestin.
Quoi qu’il en soit, au-delà des problèmes de formation et de discrimination sexiste, les femmes continuent de lutter contre diverses formes de barrières, dans toutes les sphères de la société.
Dans leurs actions de plaidoyer et de sensibilisation, les femmes préconisent l’intégration et l’ouverture dans divers domaines, dont la photographie et le métier du numérique. [dj jf rc apr 24/07/2018 12:00]
[1] Espas Fanm Magazine, diffusé depuis le jeudi 12 juillet 2018 à 3:00 am, 7:00 am, 11:00 am, 3:00 pm, 7:00 pm, 11:00 pm