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Plusieurs organisations de défense de droits humains mettent les autorités en garde contre les actes de répression contre la population

P-au-P., 13 juil. 2018 [AlterPresse] ---Plusieurs organisations de défense de droits humains lancent une mise en garde contre les actes de répression contre la population, suite au soulèvement généralisé les vendredi 6 et samedi 7 juillet 2018, dans une note conjointe, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

64 personnes ont été arrêtées, dans le cadre des opérations visant a retrouver les coupables des actes de violence et de pillage, enregistrés la semaine écoulée, à Port-au-Prince.

Le commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, Ocname Clamé Daméus, avait lui-même annoncé, lors d’un point de presse donné au parquet, l’arrestation de ces personnes, dont les dossiers seraient acheminés, avant peu, au cabinet d’instruction.

Ces arrestations ont été réalisées suivant les informations des agents de renseignement du parquet de Port-au-Prince, selon le commissaire du gouvernement.

Ces personnes arrêtées seraient passibles de 10 à 15 ans d’emprisonnement, en vertu des article 64, 68, 72 du code pénal haïtien.

En plus des arrestations, des scellés ont été posés sur des maisons de certains présumes pilleurs.

Face a cette situation, le Centre d’analyse et de recherche sur les droits humains (Cardh), la Commission épiscopale (de l’église catholique romaine) Justice et paix (Ce-Jilap), le Centre oecuménique des droits humains (Cedh), le Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed), la Plateforme des organisations de droits humains (Pohdh) et le Sant Karl Lévêque (Skl) disent prendre note des déclarations du commissaire du gouvernement.

Il s’agit là « d’actes illégaux, de violation des droits humains » estiment ces organisations de défense de droits humains, qui mettent en garde le parquet de Port-au-Prince contre « toute velléité de poursuivre dans cette voie ».

« Les violences regrettables, enregistrées le week-end écoulé, suite à la décision irréfléchie et irresponsable de l’administration Moïse-Lafontant, ont débuté le (mercredi) 4 juillet (2018) à Pèlerin 5, où des maisons ont été détruites et des répressions ont été faites par la Direction départementale de l’ouest (Ddo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh), sur ordre manifestement illégal du parquet de Port-au-Prince ».

Les organisations signataires du communiqué questionnent le sens de responsabilité du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, pendant les trois jours de violence (du vendredi 6 juillet au dimanche 8 juillet 2018), en pointant du doigt le président de la république, le premier ministre, les ministres et secrétaires d’Etat, comme étant les responsables de ces incidents.

« Où était le commissaire du gouvernement le week-end écoulé, alors que, durant près de trois (3) jours, d’honnêtes gens avaient vu leurs biens partir en fumée, leurs objets volés, leurs maisons et leurs voitures détruites…? Pourquoi, l’action publique n’a-t-elle pas été mise en mouvement conformément à la loi ? Où étaient passés ceux et celles que la population paie pour sa sécurité ?

« Aujourd’hui, dans ce contexte de grandes préoccupations politique, économique et sociale, où les autorités politiques restent dans l’indifférence la plus totale, il est inacceptable qu’un commissaire du gouvernement lance une opération de purge, de violations flagrantes du droit à la liberté, à l’intégrité physique et à la propriété, sous prétexte qu’il est à la recherche d’objets volés, des responsables des incendies, alors que le président de la république venait, en marge de la procédure institutionnelle, de se rendre personnellement dans plusieurs unités spécialisées de la police nationale (notamment le Corps d’intervenetion et de maintien d’ordre / Cimo) et de leur passer des instructions », poursuit le communiqué, rendu public le 11 juillet 2018.

Le Cardh, la Ce-Jilap, le Cedh, le Cresfed, la Pohdk et le Skl évoquent le fait que les membres du gouvernement restent accrochés a leurs privilèges et leurs postes, au mépris des appels de toutes les couches de la société, exigeant qu’ils endossent les conséquences de leurs actes.

Ces organisations de défense des droits humains rappellent, du même coup, à la Police nationale d’Haiti, l’obligation qui lui est faite « d’agir dans le strict respect des valeurs et des normes démocratiques ».

Elles « dénoncent tout excès de pouvoirs et les comportements irresponsables et attentatoires aux normes de l’Etat de droit et de la gouvernance démocratique ». [jf vs 13/07/2018 13:00]