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Haïti-Troubles : Lent retour à la normalité à Port-au-Prince

Actualisation : 10 juillet 2018

P-au-P., 09 juil. 2018 [AlterPresse] --- Port-au-Prince porte encore les stigmates des dernières émeutes, qui l’ont secouée au cours du week-end écoulé, suite à l’annonce officielle, dans l’après-midi du vendredi 6 juillet 2018, d’une augmentation vertigineuse des prix du carburant, une mesure dont le gouvernement a été contraint de faire le retrait, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Dans un décor, fait de traces d’incendies et de casses, les tensions paraissent se calmer petit à petit. Dans plusieurs quartiers, celles-là et ceux-là, qui se sont terrés pour éviter d’être emportés par la vague de colère, regagnent les rues.

Des employés publics continuent d’enlever les débris, qui barricadaient les principaux axes, rendant impossible la circulation automobile.

Ils sont accompagnés de détachements de la police, dont la présence était timide durant les journées de soulèvement populaire, du vendredi 6 juillet au dimanche 8 juillet 2018.

Dans certains quartiers, des pompiers ont été mobilisés pour nettoyer les rues, où une épaisse poussière noire s’est accumulée à cause de l’incendie de nombreux pneus usagés.

Mais, il suffit de laisser le centre-ville de Port-au-Prince et de prendre les voies périphériques, pour constater l’étendue du travail qui reste à faire, pour se rendre compte également de l’ampleur de la vague de fond que les tenants du pouvoir n’ont pas vu venir.

Reprise effective des activités ?

Un mot d’ordre de grève générale, lancé par une frange de l’opposition, pour les lundi 9 juillet et mardi 10 juillet 2018, a été levé. Ce qui pourrait contribuer au retour à un fonctionnement normal.

Il faudra attendre que le grand commerce et les banques rouvrent leurs portes, facteur important à considérer dans la reprise des activités.

Les lignes aériennes ont généralement recommencé leurs vols sur Haïti, après avoir été obligées de les annuler durant le week-end.

Le lundi 9 juillet 2018, les véhicules privés se sont remis à circuler. Ce qui n’était pas le cas pour les transports en commun, qui demeuraient largement paralysés, sauf pour des motos-taxis.

De longues files ont été observées dans les rares pompes à essence, qui distribuaient des produits pétroliers.

Beaucoup de jeunes et adultes ont été remarqués, récipients en main, déambulant dans les rues en quête d’eau, une denrée rare durant ces trois jours de protestations, qui ont obligé certaines et certains à s’enfermer chez elles et chez eux.

La tension est-elle retombée pour de bon ?

Même si la tension semble diminuer, la population ne paraît pas avoir été rassurée par les discours du premier ministre Jack Guy Lafontant et du président Jovenel Moïse, dont de nombreuses personnes demandent la démission.

Certains partis politiques embrassent le mouvement de contestation, qui veut évacuer tout le personnel politique, tandis que d’autres se limitent à demander au premier ministre et à son gouvernement de se retirer.

C’est la position, exprimée également en fin de journée, par le Forum économique du secteur privé, qui regroupe les principales associations patronales. Il critique une carence de leadership des plus hautes autorités.

Des réunions se multiplient au niveau des trois pouvoirs.

Pour l’heure, il n’y a eu aucune communication officielle. Ce qui est cependant sûr, c’est que l’exécutif, désigné en tant que principal responsable de ce débordement de violences, aura un geste à faire. [apr 09/07/2018 20:00]