P-au-P, 22 juin 2018 [AlterPresse] --- La scène de déhanchement « obscène » d’une fillette, récompensée d’une voiture de la part du chef de l’Etat, Jovenel Moïse, le lundi 18 juin 2018, au Champ de Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince), reflète une mauvaise image d’Haïti.
Telle est la réaction de la manbo (prêtresse dans le vodou en Haïti) Euvonie Georges Auguste de la Confédération nationale des vodouisants d’Haïti (Knva), à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 23 et dimanche 24 juin 2018, sur la station AlterRadio 106.1 FM et en ligne (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm, sauf perturbations à cause de la coupe du monde de football).
La fillette en question participait à un concours de danse, dans le cadre d’une activité récréative organisée au Champ de Mars (principale place publique de la capitale, Port-au-Prince), à l’occasion de la Coupe du monde de football masculin senior, qui se déroule en Russie.
Lors de cet événement, l’hymne national « La Dessalinienne » a été « blasphémé » par une jeune femme, en présence du chef de l’Etat et de son épouse, Martine Moise, déplore la vodouisante.
Elle voit ces écarts de conduite comme « une gifle » et « un scandale », qui détruisent moralement l’image de toute la société.
Elle invite le président à être plus « prudent » lors de sa participation à ces genres d’activités.
Des organisations féministes ont exprimé leur indignation face à la scène de déhanchement de l’adolescente, sous les regards de son père et du président Jovenel Moïse accompagné de son épouse.
Dans une déclaration, plusieurs associations féministes et de femmes ont plaidé en faveur d’une société, où les femmes ne seront plus instrumentalisées à des fins politiciennes.
Pourtant, le titulaire du Ministère de la culture et de la communication (Mcc), Guyler C. Delva, a minimisé la portée de la scène de déhanchement de la fillette, en conférence de presse le mercredi 20 juin 2018.
Par ailleurs, Euvonie Georges Auguste est intervenue sur l’initiative des États généraux sectoriels de la nation, qui ne tient pas compte, dit-elle, de tous les secteurs clés de la vie nationale.
Les autorités ont choisi, sans véritables consultations, des personnalités proches du pouvoir, devant faire partie du comité de pilotage des États généraux sectoriels, dénonce-t-elle.
Se disant très déçue, elle regrette le fait que cette initiative n’a pas encore permis aux secteurs de vider leurs contentieux.
Après des démissions en cascade de plusieurs membres, au sein du Comité de pilotage des États généraux sectoriels, à savoir Monseigneur Louis Kébreau et le conseiller spécial Jacques Edouard Alexis, entre autres, le secrétariat technique, bras exécutif, connaît, à son tour, un vent de division entre ses membres.
Aucun budget nécessaire n’est encore élaboré par ce comité pour la tenue du dialogue national, depuis le forum organisé le 16 mai 2018 à l’Arcahaie (nord de la capitale).
Des reproches sont adressés par des conseillers Pradel Henriquez et Mimose Félix au secrétaire exécutif, Louis Naud Pierre, pour dénoncer une tentative de dévier le chemin, qui mènerait à un véritable dialogue entre tous les secteurs de la société.
Mis en place par le pouvoir, le 28 mars 2018, le comité de pilotage des États généraux sectoriels a six mois (jusqu’à fin septembre 2018) pour produire un « Pacte pour la stabilité et le progrès économique et social ».
Plusieurs secteurs de la vie nationale continuent d’exprimer leur scepticisme face à cette initiative jugée controversée. [emb gp apr 22/06/2018 16:20]
Texte : Emmanuel Marino Bruno
Images et montage vidéo : Gotson Pierre