P-au-P, 20 juin 2018 [AlterPresse] --- Le Service jésuite aux migrants/Solidarite fwontalye-Haïti (Sjm/Sfw-Haïti) exhorte l’État haïtien à prendre ses responsabilités face à la situation de vulnérabilité des migrantes et migrants haïtiens en République Dominicaine, ainsi que de celles et de ceux en risque d’apatridie.
Les autorités doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le respect des droits civils et socio-économiques de ces personnes, recommande-t-il, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, ce 20 juin 2018.
« Des milliers de ressortissantes et ressortissants haïtiens sont expulsés de la République Dominicaine quotidiennement. Certains y ont travaillé pendant de longues années et sont renvoyés les mains vides en Haïti, laissant, dans ce pays, leurs biens et leur famille », déplorele Sjm/Sfw Haïti, dans un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Incapables de subvenir à leurs besoins, un grand nombre d’entre eux se voient obligés de retourner en République Dominicaine, dans des conditions difficiles, au péril de leur vie.
Pour les trois premiers mois de l’année 2018, près de 15 mille migrantes et migrants haïtiens ont été rapatriés au niveau des points frontaliers officiels et non officiels, avait rapporté la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr).
Nées avant le 26 janvier 2010 sur le territoire dominicain, 2, 784 personnes - enregistrées, en juillet 2017, par le Haut-commissariat pour les réfugiés (Hcr) - font présentement face à un problème de nationalité, souligne le Service jésuite aux migrants.
Une sentence de la Cour constitutionnelle dominicaine, prise le 28 septembre 2013, avait abouti à un processus de non reconnaissance de la nationalité dominicaine de milliers de Dominicaines et de Dominicains d’origine haïtienne.
Les conditions de vies de ces personnes sont loin d’être améliorées.
Des migrantes et migrants haïtiens et des Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne vivent dans un environnement présentant de grands risques pour leur santé et leur protection, relève le Sjm/Sfw-Haïti.
L’absence d’accès à de l’eau potable, à des toilettes fonctionnelles et à des logements sûrs sont parmi les problèmes, auxquels sont confrontées ces personnes.
Un grand nombre d’entre elles témoigne avoir subi de mauvais traitements des autorités dominicaines, au moment de leur expulsion, dénonce l’organisme de défense des droits humains.
« Les enfants, qui sont retournés accompagnés de leurs parents, n’ont pas tous un établissement scolaire pour les accueillir. La situation de ceux-là qui sont retournés, tout seuls, est encore plus difficile ».
Le Sjm/Sfw-Haïti appelle les autorités à implémenter des programmes de réinsertions économiques, en faveur des migrantes et migrants haïtiens expulsés du territoire voisin d’Haïti.
Il encourage l’État haïtien à demander à la République Dominicaine de restituer la nationalité dominicaine aux Dominicaines et Dominicains, qui ont été expulsés vers Haïti.
Il lui demande également de réclamer des garanties pour le respect des droits des ressortissantes et ressortissants haïtiens en République Dominicaine et de renforcer, du même coup, les consulats pour veiller aux intérêts des Haïtiennes et Haïtiens. [emb rc apr 20/06/2018 12:45]