P-au-P, 20 juin 2018 [AlterPresse] --- Le Collectif Défenseurs Plus met en garde contre d’éventuelles conséquences néfastes de l’exploitation des mines sur la population haïtienne.
Depuis près de 10 ans, il existe une campagne prônant ’’la potentielle minière’’ du pays, constate-t-il, dans une note de presse en date du lundi 18 juin 2018 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Cet engouement soudain de la part des autorités étatiques, du secteur privé, notamment des compagnies étrangères, doit attirer l’attention du peuple haïtien en général et des mouvements sociaux en particulier ».
Le Collectif Défenseurs Plus critique une certaine véhémence, voire un attrait pour l’exploitation des mines, considérée, par les autorités, comme une nouvelle porte de sortie pour « faire d’Haïti un pays émergent d’ici (l’année) 2030 ».
Le Collectif Défenseurs Plus accuse l’ancienne administration du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe d’avoir compromis la gestion du secteur minier, en accordant à des sociétés minières américaines et canadiennes des permis d’exploitation pour étudier le sol haïtien.
Une résolution, adoptée, en février 2013, par le sénat, avait demandé au gouvernement de surseoir aux travaux d’exploitation, parce qu’aucun effort n’a été fait, du côté des autorités locales, pour mettre en place des dispositions locales concernant la gestion du secteur minier.
Un projet de loi minière, dont la rédaction a été appuyée par la Banque mondiale, grâce à un fonds largement soutenu par le Canada, a été déposé, en juillet 2017, devant le sénat haïtien.
Ce projet renfermerait de très grandes faiblesses aux chapitres de la transparence, de l’évaluation et de la protection environnementales, de la gestion de l’eau et de la remise en état des sites.
« Nous sommes tous d’accord que le secteur de la mine représente un grand marché sur le plan international. Dans le cas d’Haïti, tout secteur de développement fiable et viable serait la bienvenue. Mais, la grande question : la législation en vigueur correspond-elle aux nouveaux besoins de la population » ?, se demande le Collectif Défenseurs Plus.
« N’est-il pas nécessaire de faire un effort, en vue d’améliorer les dispositions légales de ce secteur, afin de protéger notre écosystème » ? »
La gestion des mines pourrait véritablement contribuer au développement du pays si l’Etat en faisait bon usage, insiste Fedgens Point Du Jour, secrétaire général du Collectif Défenseur Plus, dans un entretien accordé à l’agence en ligne AlterPresse.
« La population doit être mise au courant du danger, auquel elle est exposée au jour le jour, à cause du mutisme de l’Etat haïtien concernant la question de l’exploitation des mines en Haïti », encourage-t-il.
En mars 2018, le sociologue Jean-Claude Icart, du comité Haïti-Mines, avait déploré la passivité de l’Etat haïtien dans la gestion des interventions des multinationales dans le secteur minier en Haïti.
Une éventuelle exploitation des mines, notamment près des bassins versants, pourrait avoir des conséquences graves sur l’environnement et la société, avait-il souligné. [dj emb rc apr 20/06/2018 11:00]