P-au-P., 20 mai 2018 [AlterPresse] --- Le président Jovenel Moïse invite les Haïtiens à prendre leur destin en main et à suivre l’exemple des ancêtres qui ont créé, le 18 mai 1803 à l’Arcahaie (au nord de la capitale), le drapeau haïtien, dont le 215e anniversaire a été commémoré par une cérémonie officielle sur place.
« Je vous convie à vous faire maître de votre destin. Faisons ce même saut fraternel qu’avaient fait nos ancêtres pour vaincre la barbarie, pour bannir l’esclavage », a lancé le chef de l’État dans son discours de circonstance, soulignant le caractère profondément humaniste de la révolution haïtienne de 1804.
« Œuvrons tous ensemble pour une meilleure Haïti », a ajouté Jovenel Moïse, s’adressant à une assistance composée d’officiels des grands corps de l’État, de fonctionnaires, d’autorités locales, de membres du corps diplomatique et de la population de l’Arcahaie.
Plusieurs activités ont été réalisées pour marquer la fête du drapeau : parades militaires, cérémonie religieuse, chorégraphie, dépôt de gerbes de fleurs au pied des statues du héros Jean-Jacques Dessalines et de l’héroïne Catherine Flon.
« Par son histoire, sa culture et son climat, Haïti a tout ce dont un peuple a besoin pour être prospère, si seulement nous en avons conscience », a déclaré Moïse.
Haïti est riche, et son véritable problème serait la valorisation de ses richesses, à en croire le président qui admet, toutefois, que les racines du sous-développement d’Haïti sont profondes et nombreuses.
« À force d’ignorer qui nous sommes, nous avons fini hélas par nous convaincre que nous ne valons pas grand-chose », regrette-t-il, invitant le peuple à se ressaisir.
Il réaffirme sa volonté de lutter contre la corruption et la contrebande qui représentent de véritables entraves au développement.
Haïti est actuellement secouée par des scandales de corruption, dont la dilapidation de plus de 3 milliards de dollars des fonds Petro-Caribe, dans laquelle sont épinglés d’anciens hauts fonctionnaires, ainsi que des membres de l’équipe de Jovenel Moïse.
Exposant l’importance des héros et héroïnes de l’indépendance, la mairesse de l’Arcahaie, Rose-Mila Petit-Frère, met en valeur la contribution des femmes, surtout Catherine Flon qui, selon ce que rapporte l’histoire, a cousu le bicolore haïtien.
Prenant en exemple les ancêtres, la mairesse a appelé à l’unité au niveau des pouvoirs d’État et les divers secteurs de la vie nationale.
Pour elle, le processus des « états généraux sectoriels de la nation », mis en œuvre par l’exécutif, devraient être l’occasion de se rassembler au tour d’une table afin d’entamer des discussions sérieuses capables de faire avancer le pays.
Elle a attiré l’attention des autorités centrales sur l’importance historique de la ville de l’Arcahaie, dont elles ne devraient pas se souvenir uniquement le 18 mai.
« Dorénavant Arcahaie n’est pas une ville dont on se souvient seulement le 18 mai, elle fait partie de l’espace touristique national. Elle est un vecteur de développement participatif et communautaire qui nécessite le soutien de l’État », renchérit Rose Mita Petit-Frère.
Le député de l’Arcahaie, Pierre Julien Féquière, s’est, quant à lui, interrogé sur la capacité des actuelles autorités à être responsables, conséquentes et à être de vrais héritiers des ancêtres qui ont fait l’indépendance.
Il les encourage à marcher sur les pas de Dessalines pour une nouvelle politique sociale et éducative capable de former des citoyens et citoyennes pour assurer l’avenir du pays.
Le 18 mai ramenait aussi la fête de l’université. Le recteur de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), Fritz Deshommes, qui a pris part à la cérémonie, a mis l’accent sur les efforts déployés pour moderniser la plus grande institution de l’enseignement supérieur du pays.
La fête du drapeau et de l’université a été adoptée le 30 décembre 1919, au moment de l’Occupation Américaine, au moment où l’écrivain Dantès Bellegarde était secrétaire d’État de l’instruction publique. Elle fait de l’Université la gardienne du drapeau. [fb gp apr 20/05/2018 20 :00]