P-au-P, 15 mai 2018 [AlterPresse] ---- « Cadre de régulation de l’insécurité hertzienne et audiovisuelle ambiante et Transition vers la télévision numérique en Haïti » est le thème d’un atelier, organisé par le Conseil national des télécommunications (Conatel), à Port-au-Prince, les mardi 15 et mercredi 16 mai 2018.
La radiodiffusion en Haïti est à son point de saturation dans plusieurs zones géographiques du pays, souligne le directeur du Conatel, Jean David Rodney, durant l’atelier, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Cette saturation engendre des interférences, qui nuisent non seulement à la communication, mais aussi pourraient engendrer des pertes en vies humaines, surtout dans le service aéronautique où les perturbations de ce phénomène ont été ressenties, avertit un conseiller de l’Office national de l’aviation civile (Ofnac), l’ingénieur Yves André César.
En ce sens, un cadre de régulation est nécessaire pour réduire « l’insécurité hertzienne et audiovisuelle » par rapport aux problèmes d’interférence, considérés comme « une entrave à la sécurité publique ».
Moratoire sur les zones ayant déjà des stations de radio afin d’éviter la saturation, analyse approfondie concernant le renouvellement des fréquences, mémorandum consistant à mettre en exergue la justice, sont parmi les dispositions, envisagées par le Conatel pour réguler la radiodiffusion.
Plus de 350 stations de radio « illégales » sont identifiées à travers le pays, informe le directeur du Conatel.
Il y a, au total, 353 radios (dont 60 stations de radio communautaires) ainsi que 116 stations de télévisions en ondes claires, qui sont autorisées à fonctionner dans les différentes zones de couverture géographique du pays.
92 stations émettent sur la bande Fm, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, alors qu’il devrait y avoir 33, fait remarquer l’ingénieur Junior Jose Jean Baptiste, dénonçant un non-respect des normes techniques.
Malgré les grands efforts, déployés par le Conatel, la grande majorité des stations de radios fonctionnent de manière irrégulière, sans autorisation et paramètres techniques conformes à la fiche établie, déplore le directeur de l’institution.
Dans une correspondance, en date du 14 mai 2018, les responsables de l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh) et l’Association des médias indépendants d’Haïti (Amih) ont décidé de bouder l’invitation du Conatel à prendre part à cet atelier.
Selon elles, « ni les entreprises communautaires, ni les entreprises privées qui constituent l’écosystème du monde de la radio télédiffusion en Haïti ne sont invitées à intervenir pendant l’atelier ».
Tout en invitant le Conatel à reprendre les discussions directes avec les associations représentatives des médias, ces dernières déclarent qu’elles ne sauraient « cautionner ou entériner les résultats ou résolutions » de l’atelier.
« Le motif, évoqué à l’appui de votre position, selon lequel aucune place n’est faite, au programme de l’atelier, pour vous permettre d’intervenir, relève d’une incompréhension déconcertante du jeu de rôle, associé à la régulation, des missions respectives des uns et des autres ainsi que de l’objectif poursuivi par l’atelier », a réagi le Conatel, dans une lettre responsive à l’Anmh et à l’Amih.
Au cours des dernières décennies, des interférences politiques ont sérieusement perturbé la gestion du paysage médiatique, les pouvoirs successifs et leurs proches ayant toujours manoeuvré pour amasser des fréquences.
Depuis quelques années, la situation de la radiodiffusion a dégénéré suite à des dispositions pour favoriser un écart de 200 kilocycles (Kcl) au lieu de 400 Kcl entre les stations de radio.
Le kilocycle réfère à l’unité de fréquence, qui permet de situer les stations de radio sur le cadran. [fb emb apr 15/05/2018 16 :35]