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Haïti-Politique : Des secteurs socio-économiques dénoncent l’éventuelle augmentation des prix des produits pétroliers

P-au-P, 10 mai 2018 [AlterPresse] --- Des secteurs socio-économiques rejettent toute éventuelle augmentation des prix des produits pétroliers dans le pays, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.

Ces réactions font suite à l’annonce, par le gouvernement, de la hausse, d’ici la fin du mois de juin 2018, des prix des carburants.

¨Cette augmentation constitue un complot planifié par la Banque mondiale (Bm), le Fonds monétaire international (Fmi) et l’État haïtien¨, souligne Dominique St Éloi de la Centrale nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha).

Ajoutant que cette action vise à étouffer davantage la population haïtienne déjà appauvrie, le syndicaliste appelle la population à se mobiliser contre cette décision suicidaire afin de forcer l’État à se rétracter.

L’économiste Camille Chalmers, porte-parole du parti Rasin kan pèp la, qualifie cette décision d’erreur monumentale.

Cette mesure risque, selon lui, d’entrainer d’énormes coûts sociaux ainsi que des turbulences sociales.

¨Le peuple déjà marginalisé et exploité ne devrait pas être victime de l’irresponsabilité des autorités¨, déplore-t-il.

Le président de la Confédération des travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, Jean Bonal Fatal, croit que cette hausse va donner lieu à une situation d’insécurité.

Les deux syndicalistes critiquent les dépenses inutiles de l’État qui ne font que rendre plus vulnérables les couches défavorisées

« Dans ce contexte de crise socio-économique, le moment n’est pas propice pour effectuer cette augmentation », argue le président de l’association des propriétaires chauffeurs d’Haïti (Apch), Mehu Changeux.

Des mesures vont être prises pour mitiger l’impact de l’ajustement sur les couches les plus vulnérables de la société, indique le Ministère de l’économie et des finances, dans un document, en date du 25 février 2018, adressé à la directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi), Christine Lagarde.

Le gouvernement rappelle en outre qu’une augmentation significative a e lieu en mai 2017 pour compenser les manques à gagner sur les recettes pétrolières, la dette extérieure ainsi que le déficit budgétaire.

Tout en rejetant cet argument jugé fallacieux, Chalmers estime que l’État pourrait prélever des taxes un peu insignifiantes sur chaque transaction de change de dollars en gourdes.

Augmenter le taux de taxation sur le tabac et l’alcool, réduire le train de vie de l’État, éliminer les exonérations et réviser la stratégie fiscale sont parmi les propositions faites par le dirigeant de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).

Haïti représente le pays des Caraïbes ayant le plus faible taux de taxation sur le tabac et l’alcool. [bf emb vs apr 10/05/2018 15 :55]