P-au-P, 10 mai 2018 [AlterPresse] --- La Brigade d’Intervention contre l’insécurité foncière (Bricif) pourrait aggraver encore plus le problème de l’insécurité foncière en Haïti, au cas où elle se substituerait à la justice.
C’est ce qu’estime le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport en date du 9 mai 2018, transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
« Selon l’arrêté la créant, la Bricif peut, entre-autres, recueillir des plaintes des victimes de dépossession ou de spoliation et intervenir sur les lieux de crimes fonciers ».
Dans la lutte contre les crimes fonciers, il revient à la justice de se pencher sur ces faits prévus et punis par le code pénal, en sévissant contre toutes celles et tous ceux qui s’en rendent coupables, souligne le Rnddh.
Il dénonce certains juges, des commissaires du gouvernement, des arpenteurs, des notaires, des avocats et des agents de la Pnh qui s’organisent pour déposséder certaines familles de grandes étendues de terre, tant dans la capitale que dans les villes de province.
Il exhorte la justice à sévir contre les contrevenants, rétablir les victimes dans leurs droits et rompre définitivement avec cette impunité dont jouissent les fauteurs de troubles.
Le Rnddh recommande aux autorités concernées de réviser l’existence et les champs d’action de la Bricif, d’enquêter sur l’intervention du 27 avril 2018, à Marmirande dans la commune de Thiotte (département du Sud-est), en vue d’empêcher sa répétition.
Au cours de cette intervention, un mineur âgé de 14 ans, Frico Midy, qui se trouvait au bord de la route, a été gravement blessé par balles.
Pris dans une embuscade, les agents de la Bricif ont été contraints de prendre la fuite, laissant derrière eux plusieurs armes.
Les 2 véhicules à bord desquels étaient montés les 15 agents de la Bricif ont été complètement incendiés par des membres de la population.
Ces agents devaient faciliter une opération d’arpentage, ordonnée par le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Ronsard Saint-Cyr, sur réquisition du citoyen Jacotin Bleck, indique le rapport.
Parmi les armes récupérées par la Pnh, il manquerait 3 fusils de calibre 12 et 2 Taurus de calibre 9 millimètres, rapporte le Rnddh.
Le ministre de la justice et de la sécurité publique, le directeur général de la Police nationale d’Haïti et le directeur départemental du Sud-est ont fait savoir qu’ils n’étaient pas mis au courant de l’intervention du 27 avril 2018. [emb gp apr 10/05/2018 11 :00]