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Haïti-Corruption : « Rien ne pourra arrêter la marche du procès », relatif au dossier PetroCaribe, dixit l’avocat Michel André

P-au-P, 08 mai 2018 [AlterPresse] --- « Rien ne pourra arrêter la marche du procès » concernant le dossier de dilapidation des Fonds PetroCaribe, estime l’avocat et militant politique Michel André, interrogé par l’agence en ligne AlterPresse.

Il n’y a aucune porte de sortie pour les personnes, impliquées dans ce dossier, qui prend une ampleur internationale, soutient-il, dans cette interview à AlterPresse.

Le parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, qui tentait de bloquer le dossier, pendant deux mois, a finalement décidé de le retourner, au cabinet d’instruction, avec ses conclusions.

André dit se réjouir de l’avancement du dossier par-devant le cabinet d’instruction, dans la juridiction de la capitale, ainsi que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Csc-ca).

Une résolution du sénat, publiée, le vendredi 16 février 2018, dans le journal officiel « Le Moniteur », par le président Jovenel Moïse, a transféré le rapport PetroCaribe à la Csc/ca, en vue d’une vérification et analyse approfondies sur ce dossier.

Les sénateurs de l’opposition ont qualifié la résolution de hors la loi et de procédé dilatoire.

« Nous sommes en train de voir aussi comment saisir la justice américaine dans le cadre de cette affaire, puisque les dilapidateurs des fonds PetroCaribe achètent des maisons et font des transferts d’argent aux États-Unis d’Amérique », déclare André.

A ce niveau, la justice américaine deviendrait compétente pour traiter ce dossier de corruption.

Des avocats américains sont très intéressés pour travailler, avec nous, sur cette affaire, en vue de saisir la justice américaine, informe-t-il.

Haïti a ratifié la Convention des Nations unies contre la corruption. Par conséquent, comme tout pays membre des Nations unies, la république d’Haïti s’est engagée, du coup, à combattre la corruption, qui devient un crime transnational, laisse entendre le dirigeant politique.

« C’est un combat, que nous menons, pour arriver à une certaine moralisation de la vie publique. Ca passe par la lutte contre la corruption et la tenue du procès PetroCaribe », soutient-il.

La population s’intéresse au procès, parce qu’elle se rend compte que les 3,8 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 67.00 gourdes ; 1 euro = 85.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui), que les dilapidateurs ont gaspillés, auraient pu servir au développement d’Haïti.

Cet argent aiderait, entre autres, à changer les conditions de vies des citoyennes et citoyens, notamment construire des infrastructures routières et sanitaires, assainir la capitale Port-au-Prince et accompagner les paysannes et paysans.

Les gens commencent à comprendre que la corruption constitue un frein à leur développement ainsi qu’un véritable crime contre la nation.

Depuis le début de l’année 2018, une cinquantaine de plaintes ont été déposées devant les tribunaux en Haïti contre de hauts fonctionnaires de l’État, dont d’anciens présidents et ministres, soupçonnés d’implication dans le détournement des fonds du programme PetroCaribe.

Me Joinet Merzius, coordonnateur général de l’Observatoire haïtien des droits humains (Ohdh) a encouragé les avocats, qui accompagnent les plaignantes et plaignants, à changer de stratégie » en portant plainte aux États-Unis d’Amérique, face au laxisme et à la lenteur de la justice haïtienne. [emb rc apr 08/05/2018 13:10]