P-au-P., 04 mai 2018 [AlterPresse] --- La commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai a été marquée, entre autres, à Port-au-Prince, par une conférence-débats autour du thème : « Média, justice et Etat de droit : les contrepoids du pouvoir ».
Il s’agit d’une initiative du Fonds des Nations unies pour l´éducation, la science et la culture (Unesco), qui a réuni plusieurs personnalités des pouvoirs exécutif et judiciaire ainsi que des étudiants et journalistes.
Entre autres intervenants : le ministre de la communication et de la culture, Guyler C. Delva, le président de la fondation Je Klere, une nouvelle organisation de droits humains, Me Samuel Madistin et la journaliste Winnie Hugot Gabriel.
Cette conférence a fait un diagnostic d’un point de vue légal et fonctionnel de l’état de la liberté de la presse en Haïti. Des intervenants et intervenantes ont fait mention de la situation périlleuse dans laquelle les journalistes exercice leur métier.
Il est quasiment impossible de parler de liberté d’expression et de la presse sans l’accès à l’information : c’est en substance une des principales idées issues des différentes interventions.
Le représentant de l’Unesco en Haiti, Paul Gomis, souhaite que la presse devienne un véritable contre-pouvoir qui contribue au bien-être de la population en faisant un contrôle rigoureux des trois pouvoirs d’État.
La réalité est qu’à l’ère des multimédias et des réseaux sociaux, la tendance à répercuter les rumeurs sans vérifier l’information est forte, critique-t-il. Cette situation, ajoute-t-il, fragilise la crédibilité de la presse, car le « contre-pouvoir » de la presse, c’est l’éthique.
L’actuel ministre de la culture et de la communication, Guyler C. Delva, souligne l’importance de l’accès à l’information pour que la presse puisse mener des investigations et jouer son rôle dans le combat contre la corruption, l’impunité, et du coup participera au développement du pays.
Me Winnie Hugot Gabriel, journaliste, estime que des progrès ont été réalisés en matière de liberté de la presse en Haïti. Elle souhaite une meilleure structuration et une autorégulation du secteur qui favoriseraient le respect de l’éthique et de la déontologie.
Elle opte également pour l’établissement de véritables écoles de journalisme dans le pays, estimant que la bonne formation contribuerait à une meilleure pratique du métier.
Evoquant les cadres légaux qui garantissent la liberté de la presse, Me Samuel Madistin prône la limitation et la règlementation de ladite liberté en faisant allusion à l’utilisation des organes de presse à des fins de propagande.
La déclaration universelle des droits humains de 1948 et la constitution haïtienne établissent le droit à la liberté d’expression, lequel droit repose sur le pluralisme, la tolérance, et l’esprit d’ouverture, fait remarquer l’avocat.
Moïse Jean, doctorant en droits humains, voit en la presse une instance ou un pouvoir indispensable, capable de favoriser le développement du pays, en exigeant, à travers des enquêtes, que les autorités compétentes prennent leurs responsabilités envers la population.
Par ailleurs, en marge de la conférence, le secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), Jacques Desrossiers, continue de réclamer des autorités compétentes la poursuite de l´enquête destinée à faire le jour sur la disparition du photojournaliste Vladjimir Legagneur, depuis le 14 mars 2018.
Le ministre de la communication venait de réitérer qu’il n’y a plus aucune chance de retrouver Legagneur vivant. [fb gp apr 04/05/2018 11 :00]