P-au-P, 27 avril 2018 [AlterPresse] --- Haïti perdrait, chaque année, environ 400 millions de dollars à cause de la contrebande dominicaine, indique un article en date du 25 avril 2018 du journal américain Miami Herald, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Ce montant non perçu sur les marchandises introduites illégalement en Haïti à travers la frontière pourrait être utilisé pour les soins de santé et d’autres services de base à un moment où les États-Unis, le Venezuela et d’autres gouvernements étrangers coupent l’aide à Haïti, estime le journal.
Six membres du Congrès - dont trois du sud de la Floride - viennent d’envoyer une lettre au secrétaire d’Etat par intérim John J. Sullivan et au secrétaire du Département de la sécurité intérieure Kirstjen Nielsen pour leur demander de l’aider à réduire le flux de marchandises illicites.
Une formation pour le personnel de sécurité et les douaniers haïtiens et dominicains ainsi que des technologies telles que des drones, capteurs et caméras pourraient aider à collecter les droits de douane et neutraliser les contrebandiers opérant sur la frontière de l’Ile.
« Le manque de capacité de contrôle des frontières, en particulier en Haïti, sape directement les efforts des États-Unis et de la communauté internationale pour soutenir le développement économique et la primauté du droit en Haïti et pourrait potentiellement menacer les intérêts sécuritaires américains », souligne la lettre.
Le rapport de la Stratégie internationale de lutte contre les stupéfiants de 2016 du Département d’État décrit la frontière terrestre haïtienne comme étant "incontrôlée et offrant un environnement à faible risque aux trafiquants de drogue et autres entreprises criminelles", note t-elle.
Le secteur privé en difficulté en Haïti serait confronté à un déséquilibre commercial face à la République Dominicaine, à une inflation à deux chiffres et à un déficit budgétaire de longue durée, lit-on dans l’article.
Il se trouve aussi désavantagé par rapport à une petite minorité du pays qui a réussi et à leurs homologues dominicains, qui dirigent l’une des économies les plus dynamiques de la région.
La République Dominicaine a exporté pour 1,4 milliard de dollars de marchandises vers Haïti en 2014 alors que les exportations haïtiennes vers le territoire voisin n’ont totalisé que 4 millions de dollars, a déploré l’ancien ministre de l’économie et des finances haïtien, Daniel Dorsainvil, cité par Miami Herald.
L’ancien haut fonctionnaire a récemment rédigé un rapport sur l’impact du commerce illicite.
Les produits dominicains tels que la farine, le ketchup, les saucisses, le riz, le maïs et l’acier, qui circulent en Haïti sans être taxés, crée une concurrence déloyale pour Haïti, a-t-il avancé.
Cette situation a également coûté au pays environ 500 mille emplois dans l’agriculture et 60 mille autres dans le secteur manufacturier.
Sur les 13, 779 policiers haïtiens, seuls 118 sont actuellement affectés à la frontière, dans le cadre d’un projet pilote lancé l’automne dernier par la Police nationale d’Haïti (Pnh), indique le journal.
Cet effectif est très insuffisant pour empêcher le passage de gros volumes de marchandises transportés illégalement dans les camions vers Haïti. [emb gp apr 27/04/2018 13 :10]