P-au-P., 7 mars 05 [AlterPresse] --- L’ex premier ministre haitien Yvon Néptune et l’ex ministre de l’intérieur Jocelerme Privert entament leur troisième semaine de grève de la faim pour exiger qu’ils soient libérés de prison sans condition.
Les deux anciens responsables lavalas, qui faisaient partie de 481 évadés de la prison centrale de Port-au-Prince le 19 février dernier, ont décidé de ne plus s’alimenter depuis leur retour à leurs cellules le 20 février.
Le gouvernement haïtien a annoncé le 3 mars qu’il restait attentif à la situation sanitaire de de Neptune et Privert. Le ministre de la justice, Bernard Gousse a déclaré à des journalistes, dont un reporter d’AlterPresse, que « ce que nous pouvons faire est de contrôler leurs examens médicaux pour que, au moment opportun, ils soient présentés à leur juge ».
Neptune et Privert devraient recevoir ce 7 mars, la visite de la représentante démocrate au congrès américain, Maxine Waters, dont un bref passage de 6 heures est prévu en Haiti. La récente visite d’une semaine à Port-au-Prince de l’expert indépendant des Nations Unies, Louis Joinet, ne serait pas sans rapport avec l’affaire Neptune.
Les deux hauts fonctionnaires du régime déchu de Jean Bertrand Aristide sont accusés d’implication dans un massacre qui s’est produit à Saint Marc (Nord), le 11 février 2004, 2 semaines avant le départ d’Haiti de l’ex président. Ils ont été arrêtés depuis quelque 7 mois.
Le ministre de la justice a souligné le 3 mars que les prisonniers en grève de la faim ne peuvent être soignés sans leur accord. Toutefois, il a fait savoir qu’en cas d’urgence, « l’administration pénitentiaire doit prendre des mesures pour protéger leur vie ».
Le Directeur de la NCHR, Pierre Esperance, a fait valoir le droit des détenus en grève de recevoir toute l’assistance que requiert leur cas. « Il faut que les autorités prennent toutes les mesures nécessaires pour suivre ces cas et leur assurer une assistance médicale », a déclaré Espérance à AlterPresse.
Cependant, a-t-il prévenu, « on ne peut libérer un détenu parce qu’il est en grève de la faim ». Autant qu’il faut respecter les droits des détenus, il faut aussi respecter le droit des victimes à la vérité sur les faits qui se sont déroulés à Saint-Marc, a insisté le Directeur de la NCHR.
A cause de leur grève de la faim, les prisonniers n’ont pu encore être présentés devant leur juge à Saint Marc, tel que l’avait annoncé le 22 février le ministre de la justice. Neptune avait récusé la procédure en cours, mais sa demande a été rejetée par la cour suprême d’Haïti. [gp apr 07/03/2005 00:15]