P-au-P, 19 avril 2018 [AlterPresse] --- Le mauvais fonctionnement du parlement alimenterait la méfiance des citoyennes et citoyens à son encontre, estiment des secteurs socio-politiques, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.
Cette méfiance s’expliquerait, selon le sénateur Patrice Dumont, par le manque d’intérêt des parlementaires face aux problèmes de la majorité de la population.
Le caractère budgétivore du parlement y contribue également.
Dumont évoque aussi, entre autres causes, l’octroi de privilèges et avantages exagérés aux parlementaires.
Dumont exhorte les parlementaires à privilégier l’intérêt de la majorité, dans leurs actions, pour essayer de redonner confiance à la population.
71.49 % d’Haïtiennes et d’Haïtiens ne feraient pas confiance au parlement haïtien, selon un sondage d’opinion, réalisé, du 6 au 15 janvier 2018, par l’institution Haïti formation et service de consultation (Hafors).
L’enquête a été menée sur 1,080 personnes de 18 ans ou plus, dont 363 femmes, à travers tous les départements du pays.
Elle consistait à collecter des données sur la gouvernance, l’engagement communautaire, civil et politique, les perspectives d’avenir pour Haïti et les priorités pour cette année.
La méfiance ne s’exprime pas seulement par rapport au parlement, mais à l’encontre des trois pouvoirs de l’État, précise le Pdg de Hafors, Samuel E. Jean.
Elle est aussi liée à des insatisfactions, éprouvées par la population, et à l’irresponsabilité de l’État envers le peuple, poursuit-il.
Pour sa part, le sénateur Antonio Chéramy critique, en ce sens, le chevauchement entre les fonctions du parlement et celles de l’exécutif, contraire aux normes.
Chéramy appelle la population à voter des personnes dignes de la représenter.
La méfiance vis-à-vis du parlement est plutôt liée à une mauvaise perception de la politique en Haïti, fait remarquer le directeur exécutif de Jurimédia, Abdonel Doudou.
La population n’est pas totalement avisée par rapport à la vraie fonction parlementaire, regrette Doudou.
Le rôle de légiférer serait souvent négligé par les parlementaires, au profit de celui d’agent de développement.
La méfiance des citoyennes et citoyens vis-à-vis du pouvoir législatif résulte d’un discours « anarchiste et anti-institutionnel », affirme le député Price Cyprien.
« Ce discours diabolise le parlement et occulte son vrai rôle », déclare-t-il, tout en appelant à une éducation civique pour faire disparaitre ce type de perception.
Toutefois, Cyprien dit reconnaître que le pouvoir législatif devrait être plus productif.
Depuis quelque temps, un ralentissement est observé dans la tenue des séances au parlement haïtien notamment au sénat.
Ce dernier a été paralysé depuis plus d’un mois après le transfert, le 1er février 2018, à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), du rapport d’enquête de la commission sénatoriale spéciale, chargée d’approfondir l’investigation sur la dilapidation des fonds PetroCaribe.
Ce rapport a épinglé plusieurs anciens hauts fonctionnaires de l’Etat, dont des proches du pouvoir actuel. [fb emb gp apr 19/04/2018 11 :10]